LA FLAQUE ! Trop tard, la surface d'un reflet serein dessine une dernière fois la forme d'une chaussure en pleine vitesse, avant de s'éclater en une cloche de gouttelettes sales. Merde ! Un costume qui m'avait bien coûté un demi mois de salaire ! Remarque, mort, un costume ne sert pas vraiment... Alors je continue de courir comme un dératé, les poumons enflammés oui, mais vivants encore. Je débouche place Graslin, ou Royale, je sais plus et à vrai dire je m'en fout, court ! Et ces idiots de badauds qui me regardent comme si j'étais qu'un pauvre sniffeur d'Héro, je les emmerde, je trace mon passage à coup de coude. Et toi petit en face de moi, désolé de te sortir de ta béatitude d'un coup de genoux. Et pardon aux quelques femmes mignonnes que j'ai écartées d'une bonne claque. Font ils exprès ? Alors je cris ! MAIS PUTAIN CASSEZ VOUS ! Déjà la foule me prend pour un dingue, mais ma course jusqu'à ma voiture à l'île Gloriette n'est pas encore toute tracée. Il y a toujours des crétins pour trouver marrant d'essayer de m'arrêter. Comme dans un film hollywoodien, en plein milieu d'une longue foulée, je glisse ma main dans ma veste pour y sortir mon Beretta. Alors que mon pied touche le sol, je lève le bras vers le ciel et tire un coup pour calmer les spectateurs... Aucun bruit. Ils m'ont retrouvés. Et autour de moi le visage glacé en pleine vie d'un monde qui ne bouge plus, ni même cet oiseau dans le ciel.