Il y a deux ans, je donnais un aperçu des activités qu’assurent un enseignant-chercheur, en racontant comment ces missions avaient évolué avec le temps, éloignant de plus en plus ce quotidien de ce que j’ai envie de vivre. Alors bien sûr, la dimension recherche est passionnante, mais tout le reste devient trop coûteux.
J’ai donc choisi de prendre une année de disponibilité pour me consacrer un peu plus aux besoins grandissants de ma fille et pour faire une pause de cet environnement que je trouve de plus en plus toxique. J’en développe ci-dessous les motivations.
Les besoins d’une personne non autonome
Comme je le raconte depuis bientôt deux ans dans le podcast quand même pas, papa !, la maladie de ma fille progresse beaucoup ces derniers temps, et sans accompagnement de chaque instant, elle ne pourrait pas assurer sa survie. Je suis heureux d’être là pour elle, et de lui apporter, en plus du vital, les éléments qui font le bonheur de la vie. Ce printemps, la structure qui l’accueillait dans la journée est arrivée au bout de ses capacités d’adaptation, et a mis fin à cet accueil.
La moitié du temps ma fille est donc à la maison (l’autre moitié du temps, elle est chez sa maman), et même si on s’organise pour obtenir les aides dont elle peut bénéficier, j’ai envie et besoin d’être là pour elle.
Les aspects pratiques du métier d’enseignant-chercheur sont donc difficilement compatibles avec ces besoins grandissants :
Les enseignements se passent à l’université, et sont répartis au fil de la semaine et au fil des mois de manière fragmentée. Impossible d’avoir un emploi du temps compatible avec les engagements à la maison auprès de ma fille.
Les différentes urgences administratives qu’on nous impose, la préparation des cours, la correction des copies, tout cela implique de travailler régulièrement le soir et les week-ends, entraînant une grande fatigue physique, et là aussi se collisionnant aux engagements de proche aidant.
Il me fallait donc trouver une solution pour un engagement professionnel plus flexible et moins volumineux. Un temps partiel, avec des missions plus simples à assumer en parallèle de la proche aidance.
Avalanche de tâches administratives
Je l’avais déjà abordé dans le précédent article, mais les tâches administratives s’accumulent chaque année un peu plus sur les épaules des personnels enseignants-chercheurs de l’université, au point qu’elles finissent par devenir une grande partie du quotidien.
Pour donner un simple exemple, sur l’un des projets de recherche dans lequel je me suis un tout petit peu impliqué, on doit remplir chaque mois, à la demande du financeur, un tableau qui indique jour par jour les tâches que l’on a menées, qu’elles fassent partie du projet, ou que ce soient d’autres tâches, avec une phrase explicative pour chaque entrée correspondant au projet. Le tout sur un site internet pas du tout ergonomique, où il faut cliquer à la main pour donner chaque jour la répartition du temps de travail.
Et ça pourrait paraître anecdotique si ça n’était pas comme cela pour chacune des actions que l’on mène à l’université : pour chaque mission de recherche ou d’enseignement, de responsabilités, d’animation scientifique, de vulgarisation, on se retrouve à devoir produire des rapports, remplir des formulaires, valider une procédure, faire un appel d’offre ou obtenir 3 devis. C’est d’un fastidieux qui embourbe complètement toutes les activités, au point que mener sa propre activité de recherche devient un luxe qu’il faut payer en vampirisant du temps personnel.
Politique d’affectation des enseignements
Il y a deux ans, je racontais comment j’avais trouvé un intérêt aux missions d’enseignement en intervenant dans des formations assez diverses, et qui à chaque fois étaient d’un bien plus grand intérêt que l’affectation principale pour laquelle j’avais été recruté : enseigner l’informatique pour les étudiant·e·s en IUT Gestion des Entreprises et Administrations.
Cependant, à l’occasion d’un changement de direction à l’IUT et avec l’arrivée de règles de plus en plus précises imposées par l’université, on m’a demandé de ne plus m’engager autre part qu’en GEA, sauf en heures supplémentaires.
N’ayant pas le luxe de pouvoir me permettre d’heures supplémentaires, j’ai donc été contraint de chercher des remplaçants ou de fermer les cours que j’animais dans les autres formations, et d’assumer des heures d’enseignement en GEA sur des sujets loin de mes thématiques d’expertise. C’est ainsi que je me suis trouvé à enseigner les mathématiques à des jeunes gens complètement désintéressés des sciences, à passer des heures à expliquer comment additionner deux fractions, ou résoudre une équation du premier degré.
Je me suis donc retrouvé englué dans cette « formation », dont le rôle est plutôt d’assurer la salle d’attente entre le lycée et des emplois peu qualifiés du tertiaire, à accompagner des étudiant·e·s pour la majeure partie peu intéressé·e·s à leurs études, et souvent en grande difficulté scolaire. Un contexte où j’ai peiné deux ans à trouver l’épanouissement dont j’aurais eu besoin pour y maintenir un engagement durable.
Envies de changement
Ces différents éléments combinés m’ont poussé à envisager une voie hors de l’université. Nous, fonctionnaires, avons la chance de pouvoir solliciter une mise en disponibilité, permettant de quitter temporairement la fonction publique pour y revenir après un court temps au même poste.
C’est donc ce que j’ai choisi de faire, en assurant en même temps que je trouvais un nouvel employeur, pour y mener une activité plus proche de mes envies actuelles. C’est ainsi que je rejoins pour un an Logiroad, en tant que chercheur senior, où je pourrai exploiter au mieux l’expertise que j’ai construite au fil de mon début de carrière professionnelle : gestion de projets, recherche et développement en géométrie, en géomatique, en intelligence artificielle, avec une dimension open source et open data. J’envisage aussi d’y explorer la problématique de l’accessibilité, en adéquation avec les offres commerciales de l’entreprise, tout en y ajoutant le regard et les connaissances acquises ces dernières années.
Je suis heureux de commencer une nouvelle aventure, qui je l’espère évitera que je m’éparpille en autant de missions inutiles qu’à l’université.
Et puis à y réfléchir, les étudiant·e·s qui arrivent cette année à l’université ont l’âge de ma fille, et je me dis que le hasard fait bien les choses, car j’aurais je pense trouvé difficile d’enseigner à ces jeunes gens la journée, tout en m’occupant le reste du temps de cette jeune adulte qui se bat pour vivre avec cette maladie…
Dans cet article, je reviens sur la manière dont je réalise ce podcast, et je partage avec vous quelques podcasts qui m’ont marqué cette année.
Comment j’enregistre quand même pas, Papa !
Ce podcast, c’est un moyen pour moi de réfléchir à ce que nous traversons avec ma fille, cette maladie qui s’installe toujours un peu plus et bouleverse nos vies.
D’un point de vue pratique, je prépare les épisodes en prenant régulièrement des notes sur les sujets que j’ai envie de traiter. Je prend des notes sous forme de phrases très simples, avec les grandes idées, que je structure en listes à puce par exemple, voire garde en forme télégraphique. L’idée est d’avoir la trame et les idées principales sous les yeux au moment d’enregistrer, puis ensuite de laisser la spontanéité de la parole non écrite.
Une fois toutes les une ou deux semaines, je m’installe donc dans mon salon pour une session d’enregistrement, de montage et mixage. L’équipement est identique à celui que j’utilise pour enseigner à distance : une carte son, un micro, un pré pré-ampli, et un casque.
Je réalise le montage en même temps que l’enregistrement, avec le logiciel ardour, un équivalent libre de reaper. Ma session est prête, avec l’habillage (les petites ambiances sonores) du podcast, et une piste avec les réglages habituels que j’utilise sur ma voix (compression, égalisation). Je lance l’enregistrement, puis suit le fil de l’épisode. Je fais régulièrement des pauses dans l’enregistrement, pour reprendre une tournure de phrase qui ne me convient pas, pour ajuster une idée, tout en faisant toujours attention à garder la même intention dans la voix, la même proximité au micro. Je n’ai pas envie que ça s’entende trop à l’écoute.
Je ne corrige rien de la diction, des petits bruits parasites, et j’ai choisi un micro classique, dans une pièce non traitée, afin d’avoir un son le plus naturel possible, et pour ne pas avoir à travailler trop sur cet aspect en réalisant le podcast.
Chaque épisode fait environ 10 minutes, et j’enregistre en 10 à 20 prises, en prenant à chaque fois soin d’ajouter une petite virgule sonore au moment de changer de thème. Avec le temps, j’ai gagné en efficacité, et si l’épisode est prêt dans ma tête et dans mes notes (je le prépare souvent la veille pour y penser avant d’enregistrer), il me suffit d’une heure pour boucler un épisode et le mettre en ligne.
Découvertes récentes
Raconter comment on fabrique de la baladodiffusion c’est cool, mais en écouter c’est très chouette aussi.
Si vous n’avez pas eu l’occasion d’écouter la radio des tas, je vous invite à réécouter les 9 épisodes de cette année sur le site internet de l’émission, ou à écouter plus spécifiquement la série de chroniques à la source, réalisées par Jordi et Cécile pour cette émission.
Et puis j’ai aussi récemment découvert d’autres podcasts que trouve très bien faits, et que je vous propose de découvrir ci-dessous.
Ça fait boom
Si vous avez envie d’écouter une émission où la forme est aussi soignée que le fond, si vous avez envie d’accompagner Noémi dans ses questionnements, ses rencontres, ses coups de gueule et ses belles idées, je vous invite très fort à aller écouter ça fait boom, l’émission qu’elle anime sur Radio Galère à Marseille, et qu’elle propose en réécoute sur le site du cri de la girafe.
C’est beau, c’est sensible, des fois c’est dur, parfois c’est drôle, toujours c’est beau.
Apothicast
Apothicast est un podcast consacré à l’histoire de la santé et des sciences sociales, et est réalisé par Bastien Delattre, un pharmacien passionné d’histoire de la santé. J’avais adoré le premier épisode consacré à l’histoire de la cocaïne, et de son usage notamment médical.
Chaque épisode explore un sujet, avec un invité expert de la question. Les échanges sont riches, précis, on retrouve dans les problématiques évoquées à la fois les facettes scientifiques et de santé publique, mais aussi la dimension sociétale des sujets abordés.
Le site internet du podcast est aussi riche de nombreuses références et liens qui invitent à poursuivre l’exploration des sujets abordés.
Deux connards dans un bibliobus
Deux connards dans un bibliobus, c’est un podcast à la forme détendue, deux gars qui causent dans un micro sans se prendre la tête, et qui abordent des questions passionnantes liées à leur activité professionnelle, dans le monde de la bibliothèque.
Même si initialement, on entend que le podcast est conçu par et pour des bibliothécaires, j’y trouve plein d’intérêts, plein de sujets qui alimentent mes réflexions et font écho à des problématiques qui sont plus générales.
Je m’y retrouve d’abord parce que je suis un rat de bibliothèque. L’un des premiers articles sur ce blog parlait de retard dans les bibliothèques. C’était en 2005, ça ne nous rajeunit pas…
Mais aussi parce qu’ils abordent des questions importantes sur ce que devrait être un service public ouvert à toutes et à tous. On accompagne les deux protagonistes dans une discussion sur la question de la neutralité, sur l’idée que les médiathèques soient des lieux à vocation inclusive, ou encore sur les biais culturels et sociaux des personnels, en proposant à chaque fois des références universitaires, des travaux de bibliothécaires, des outils de réflexion et mise en pratique.
Et enfin, avec leur position turbo-gauchiste (comme dirait l’ami Thierry) au cœurs d’institutions parfois très conservatrices et contraintes par les injonctions libérales et les restrictions budgétaires, ils racontent quelque chose qui ressemble à ce que je vis au sein de l’université.
Fronde(s) !
Fronde(s) !, c’est un podcast réalisé par Geoffrey Dorne, dont on retrouve les différentes productions sur le site hckr.fr.
Dans ce podcast, sous-titré « le podcast qui explore le design des luttes contemporaines », l’auteur propose à dans chaque court épisode un tour d’horizon des pratiques et techniques utilisées à travers le monde pour organiser ou agir dans les luttes : apprendre à protéger ses communications, comment créer une radio pirate, se protéger des caméras et de leurs algoritmes, ou encore stratégies d’anticipation pour les manifestants courageux.
La réalisation sonore extrêmement soignée de ce podcast n’enlève rien à la clarté du propos et à la qualité de l’analyse des différentes pratiques, qui reprennent en les approfondissant parfois les idées développées dans l’ouvrage « Hacker, protester : guide pratique des outils de lutte citoyenne » , du même auteur.
Le travail de vulgarisation et de synthèse est très soigné, ce qui rend accessible les différentes propositions, et donne même très envie de s’y essayer. Et peut-être de partager avec l’auteur d’autres questionnements, et d’autres bonnes idées.
L’arrivée d’un vélo neuf a bouleversé mes pratiques de mobilité. Sa fiabilité et son efficacité sont à la hauteur d’un usage quotidien, même dans une ville à fort dénivelé comme Clermont-Ferrand. Les sorties hors de la ville deviennent un vrai plaisir. Mais il faut pour cela disposer d’un bon outil pour choisir ses itinéraires, car la qualité de l’infrastructure pour les cyclistes est plutôt inconsistante autour de chez moi.
Nouvelles pratiques de mobilité
Il y a quelques mois, j’ai décidé de changer mes habitudes de déplacements quotidiens, en remplaçant les transports en commun par le vélo pour les déplacements qui sortent de la ville du quart d’heure à pied.
Si je n’ai jamais utilisé la voiture pour les déplacements urbains, j’avais gardé par principe communiste l’utilisation des transports en communs. Mais il faut avouer que le réseau clermontois atteint un niveau d’inefficacité qui a fini par me faire privilégier souvent la marche, et maintenant le vélo en complément.
Je n’avais jamais acheté de vélo neuf, mais plutôt bricolé des vieux biclous grâce au guidon dans la tête. Cependant, après de nombreuses galères techniques, j’ai fini par me convaincre d’acheter un vélo neuf. J’ai ainsi fait confiance à Tempo pour choisir la nouvelle bicyclette de ma vie. En identifiant les pratiques envisagées, nous avons confirmé l’intuition de l’ami Thierry Toth, et j’ai ainsi opté pour un gravel de chez Marin.
Quel plaisir gigantesque d’avoir de vrais freins puissants, des pièces solides, un dérailleur qui fonctionne super fluidement, et une cassette avec 12 (!) pignons, qui assure à la fois de pouvoir avancer sans peine entre 6km/h pour les giga montées, jusqu’à 45km/h voire 50km/h pour les belles descentes.
La super montée (7 à 9% de pente) entre mon domicile et le campus universitaire n’est même plus du tout impressionnante, le trajet se faisant plus rapidement qu’en transport en commun ou en voiture (aux heures de forte circulation), même avec ce dénivelé.
Avec un porte-bagages, quelques tendeurs et un caisse en bois au besoin pour compléter tout ça, on peut même transporter pas mal de choses.
J’avais déjà rejoint VéloCité63 pour participer à la veille sur l’accessibilité piétonne et fauteuil roulant à Clermont-Ferrand (ce sont des usages qui sont dans leurs statuts). Avec cette intensification de ma pratique cycliste, je suis content de pouvoir échanger avec les autres personnes adhérentes sur ces questions de mobilité, pour mieux comprendre les infrastructures existantes, mais aussi participer à les faire évoluer.
Sorties Occasionnelles de Flânerie Touristique (SOFT)
En plus des déplacements urbains et utilitaires, j’ai aussi commencé à faire quelques sorties, pour renouer avec une pratique que j’avais oublié depuis près de 20 ans. Si je n’ai jamais pu rejoindre la Dôme Urban Ride (DUR), cette sortie mensuelle nocturne proposée par des cyclistes clermontois, je me suis construit mon petit programme, avec les Sorties Occasionnelles de Flânerie Touristique (SOFT). Un peu moins agressif comme intitulé, et qui pourrait ressembler aux suggestions de sorties proposées par Clermont sans voiture.
Si j’étais monté depuis Clermont-Ferrand jusqu’au château de Chazeron à vélo, les plus de 500 mètres de dénivelé positif m’auraient pris bien plus de temps que ce que mon emploi du temps me permettait. J’ai donc pris le car TER SNCF jusqu’à Volvic (on peut embarquer son vélo sous réserve de place disponible), puis poursuivi pendant une grosse demie-heure suivant un itinéraire assez plat et très agréable, au milieu d’un paysage que je ne connaissais pas. Une très belle promenade pour retrouver les ami·e·s et passer la soirée à profiter du cadre. J’ai ensuite repris la route vers Clermont-Ferrand (en descente c’est plus simple) sans encombre, grâce à de bonnes lumières.
Calculateur d’itinéraire et application de guidage
Si la plupart des bases de données géographiques (IGN, ViaMichelin, Google Maps, etc) et les applications de routage grand public sont très bien adaptées au déplacement automobile, on ne peut pas dire la même chose quand il s’agit de se déplacer à vélo.
Car d’une part, les infrastructures sont en moyenne peu adaptées à cette pratique, avec de nombreuses voies très dangereuses, inconfortables, voire impraticables. Mais aussi parce que les bases de données citées plus haut ne contiennent pas les informations liées à l’infrastructure cycliste (présence de pistes cyclables, sections carrossables ou non, etc). Et enfin parce que la plupart des outils de calcul d’itinéraire n’intègrent pas les besoins élémentaires du déplacement cyclable, comme la considération du dénivelé par exemple, en plus de l’équipement de la voirie.
Heureusement, OpenStreetMap a été depuis plusieurs années un espace numérique de contribution des usagers cyclistes, en faisant probablement la base de données la plus précise et à jour sur la question. Et comme cette base de données géographique arrive avec de nombreux outils, on retrouve avec plaisir des solutions dédiés aux cyclistes, comme le super outil de calcul d’itinéraires brouter-web, dont certaines instances sont très complètes pour le vélo.
L’outil est très pratique, on peut régler plein de paramètres pour ajuster l’itinéraire à son véhicule, ses capacités et ses envies, il propose une visualisation très complète et pratique d’utilisation, et a l’énorme avantage d’être complètement adapté aux usages cyclistes.
Cependant, quand on part en itinérance, on peut vouloir utiliser une solution débranchée, ne nécessitant pas d’avoir un accès à internet.
OsmAnd
La première application à installer pour bénéficier de toutes les informations d’infrastructure contenues dans OpenStreetMap, c’est bien sûr OsmAnd. Cette application permet de télécharger les données département par département (mais aussi sur des plus grands territoires), et embarque un calculateur d’itinéraire qui fonctionne très bien. Alors bien sûr, il ne connaît pas l’état du trafic, mais il fait bien le job, même quand on se déplace en voiture.
L’application est super configurable, avec apparence de la carte, du tracé, activation d’un guidage sonore, différents profils d’itinéraires, possibilité d’enregistrer des coordonnées favorites, ou encore d’enregistrer sa trace GPS.
La version installée depuis Google Store est verrouillée sur certaines fonctionnalités, et il faut payer pour les débloquer. Cependant, si on choisi d’installer l’application par F‑Droid, on dispose d’une version complètement déverrouillée. À privilégier.
Les algorithmes de routage embarqués dans OsmAnd sont plutôt corrects, cependant si on a pris goût à la qualité du routage de brouter-web, on peut avoir envie d’en disposer également en itinérance. Pour cela, il faut compléter l’installation par une deuxième application, BRouter Offline Navigation.
BRouter Offline Navigation
BRouter Offline Navigation est une application qui n’a pas d’interface de consultation, mais sera interrogée par osmand pour fournir des itinéraires. On installe donc l’application, puis on télécharge les données sur l’emprise qui nous intéresse (oui, ça fait deux fois les données sur son téléphone, une fois dans osmand, et une fois dans brouter, mais c’est le prix à payer pour un calcul de qualité).
Enfin, on relance l’application pour choisir le profil de calcul qui sera utilisé par osmand (et les applications tierces utilisant BRouter). Si on veut retrouver les itinéraires de brouter-web intitulés « Cyclotourisme » (avec ou sans variante), à ce moment-là il faut choisir « trekking », ou une de ses variantes.
Je n’ai pas essayé, mais je pense que l’on peut exporter un profil ajusté sur brouter-web et le ranger dans le bon dossier de l’application pour qu’il devienne sélectionnable dans cette liste.
OsmAnd et BRouter Offline Navigation
Dans OsmAnd, il faut ensuite créer un nouveau profil dédié. L’interface propose de partir d’un profil existant. J’ai choisi de décliner le profil vélo d’OsmAnd, et dans ses paramètres de guidage, j’ai ajusté le type de navigation en sélectionnant un type hors ligne et externe (en bas de la liste), où apparaît alors BRouter.
C’est une petite gymnastique pour réussir à configurer ça, mais ça vaut vraiment le coup, car les itinéraires sont super soignés avec cet algorithme.
J’ai perdu l’habitude de partager ici les lectures du moment, qui pourtant n’ont jamais cessé, comme le montre ce petit bout de ma bibliothèque qui grandit.
Cette année, j’ai cependant régulièrement parlé de livres dans l’émission la radio des tas, avec la chronique l’étagère que dalle. Alors, pas que des livres, mais toujours des choses à lire.
Fin de saison oblige, je fais le tour des livres dont on a parlé.
Où sont les « gens du voyages », inventaire critique des aires d’accueil
Pour la première chronique j’ai parlé d’un livre qui m’a marqué cette année : où sont les « gens du voyage », inventaire critique des aires d’accueil, de William Acker. L’auteur y raconte la violence d’état et la violence systémique que vivent les Voyageurs et Voyageuses, que l’administration appelle « gens du voyage » alors qu’iels n’ont pas accès à 94% du territoire. Ce livre m’a permis de comprendre qu’il me restait des angles morts dans ma perception de l’intersectionnalité.
Une chronique à retrouver dans la première émission de la radio des tas.
La privatisation numérique, déstabilisation et réinvention du service public
Dans cette nouvelle chronique de l’étagère que dalle, j’ai suivi le fil de La privatisation numérique, déstabilisation et réinvention du service public, de Gilles Jeannot et Simon Cottin-Marx, publié en 2022 aux éditions Raisons d’agir. Les auteurs y décortiquent les mécanismes qui font cette privatisation, laquelle dépasse largement la vente ou de la mise en concurrence des entreprises publiques. Blablacar, Google Maps, Doctolib, StopCovid, voici quelques exemples qui illustrent ces mécanismes. Mais certains acteurs, fonctionnaires ou associations, tentent de proposer des alternatives. On pense ici aux Communs entre l’IGN et OpenStreetMap, ou encore à Framasoft, ou la Quadrature du Net.
Une chronique à retrouver dans la deuxième émission de la radio des tas.
Collectif Cabrioles
Pour la troisième émission, j’ai choisi de ne pas parler d’un livre, mais du collectif Cabrioles, qui permet de penser l’autodéfense sanitaire, à un moment où l’état et une grande majorité des partis politiques et mouvements sociaux ferment les yeux sur une sous-classe virale.
Dans l’étagère que dalle, Jean-Marie a parcouru Opération Vasectomie d’Élodie Serna (éditions Libertalia, 2021), dans lequel on découvre les différentes appropriations de cette technique de stérilisation, à la fois utilisée par des gouvernements eugénistes, mais également revendiqué comme un outil d’émancipation par les courants anarchistes des années 30.
De gré et de force, comment l’état expulse les pauvres
Alors que la loi anti-squat continue son processus d’acceptation parlementaire, l’étagère que dalle présente « De gré et de force, comment l’état expulse les pauvres » de Camille François, une enquête à lire pour comprendre la violence institutionnelle à laquelle doivent faire face les classes précarisées.
Une chronique à retrouver dans la sixième émission de la radio des tas.
La surveillance algorithmique
Dans sa chronique L’État gère que dalle, j’ai choisi de parler d’une question d’actualité : comment la loi sur les JO et paralympiques de 2024 étend un peu plus l’usage de la surveillance algorithmique et les perspectives qu’ouvre son article 7. On peut lire ce billet de la quadrature du net, qui fait le point sur la question.
Une chronique à retrouver dans la huitième émission de la radio des tas.
Q comme Qomplot, comme les fantasmes de complot défendent le système
Dans la dernière émission de la saison, je suis revenu sur le livre « Q comme Qomplot — comment les fantasmes de complot défendent le système », de Wu Ming 1, traduit de l’italien et publié en France chez Lux en 2022. Le livre commence par une enquête sur QAnon, entre Europe et États-Unis, revient sur les courants conspirationnistes, et permet de comprendre plein de choses, notamment sur la manière dont on peut réagir, puisque le debunk ne fonctionne pas.
En fin d’émission, j’ai aussi parlé de de « Hacker Protester : guide pratique des outils de lutte citoyenne » de Geoffrey Dorne, qui donne plein d’idées pour s’organiser. Et si on préfère la forme podcast, on peut découvrir quelques-uns des thèmes explorés dans le livre dans son podcast d’ailleurs Fronde(s) !
Vous connaissez les défis auxquels ma fille doit faire face. Celles et ceux qui l’entourent l’accompagnent au mieux, mais parfois on se sent seul, c’est dur.
L’association Vaincre les Maladies Lysosomales aide à ne pas se sentir seul face à cette maladie rare. Savoir que vous adhérez à l’association, que vous soutenez ses actions, ça me ferait du bien, ça donnerait de la force aux actions qu’elle porte, ça donnerait de l’énergie à toutes les personnes qui vivent avec l’une de ces maladies lysosomales.
Pour comprendre ce que l’on vit, vous pouvez écouter le podcast Quand même pas, Papa !, dont la deuxième saison vient de commencer !
Vous pouvez aussi consulter le site d’information et de vulgarisation sur la maladie de Batten, dont est porteuse ma fille : cln.jmfavreau.info.
L’adhésion est seulement à 20 euros, et vous pouvez aussi soutenir l’association en faisant un don, partiellement déductible si vous payez des impôts. Rendez-vous sur la page d’adhésion du site de l’association.
Ma fille ne pouvant plus tenir la position debout, le suivi de son poids nécessite un pèse-personne adapté. Une chaise pèse-personne, ça coûte vraiment cher, même en location. Alors pourquoi ne pas adapter une balance domestique pour le même résultat ?
Voilà comment j’ai procédé. Puisqu’à chaque étape on peut faire d’autres choix que ceux présentés, j’ai détaillé la conception pour partager ce que j’ai identifié d’important, et pour montrer comment je suis arrivé à une solution fonctionnelle.
À noter, avant de commencer, que je n’ai pas conçu ce dispositif pour qu’il soit manipulable (repose-pied rétractable, lecture de la mesure) par la personne concernée, car elle n’est pas autonome pour cela.
Choix du pèse-personne
J’avais initialement choisi une balance (Salter 9275 BK3R) capable d’encaisser mon poids et celui de ma fille, avec l’idée de nous peser tous les deux. Mais la porter à chaque fois pour la pesée m’a finalement paru bien risqué. On doit pouvoir se faciliter la vie.
Le pèse-personne que j’ai choisi a plusieurs avantage, pour la transformation que l’on va réaliser :
il dispose d’un plateau assez large, permettant de facilement y adapter un cadre de support,
ses pieds sont relativement éloignés, ce qui lui assure une bonne stabilité,
son affichage grande taille n’est pas gênant pour une lecture sous la chaise,
son prix raisonnable (de l’ordre de 30 euros suivant les revendeurs).
Pèse-personne Salter 9275 BK3R, juste à côté des pieds d’une chaise
Création du cadre adapté
La première étape consiste à créer un cadre qui s’adapte au pèse-personne, et qui puisse supporter la chaise. Voici quelques éléments que j’ai considéré quand je l’ai imaginé :
S’assurer que le cadre ne touche pas le sol.
S’assurer que le cadre soit bloqué sur la balance, qu’il ne puisse glisser ni avant-arrière, ni gauche-droite.
S’assurer que les pieds de la chaise ne soient pas trop en dévers par rapport à la balance.
S’assurer que l’on puisse facilement poser la chaise sur le cadre, mais qu’elle ne glisse ni ne bascule.
S’assurer que le centre de masse de la personne assise soit bien au centre de la balance, voire légèrement un peu en arrière.
Quelques astuces classiques quand on fabrique quelque chose avec du bois :
Éviter de mesurer, privilégier le report de longueur. C’est ainsi que j’ai assemblé le cadre autour de la balance, en plaçant un petit écarteur (une fine lame de scie) pour m’assurer que le cadre n’était pas trop resserré autour du cadre
Utiliser si possible du bois de récupération. J’ai ici utilisé des chutes d’un cadre de lit et sommier qui s’était cassé. Les traverses très larges et les lattes fines mais rigides font très bien le job.
Quand on visse dans le sens du bois, il faut choisir des vis plus longues. Évidemment, dans l’autre sens, s’assurer que les vis ne dépassent pas les deux planches, tout en prenant assez la seconde.
Faire des pré-trous sur la planche du dessus quand on réalise un assemblage, pour être sûr que l’assemblage soit solide (pas d’écart entre les deux planches), et pour éviter de fendre les planches
Deux vis suffisent à assurer l’orthogonalité de l’assemblage. Orthogonalité que l’on assure par l’assemblage autour de la balance plutôt que par mesure.
J’ai donc choisi d’avoir deux traverses de soutien pour les pieds de chaise orientés dans le sens devant-derrière. Elles sont assemblées grâce à deux traverses fines perpendiculaires, qui encadrent soigneusement la balance pour éviter le glissement devant-derrière. Puis on ajoute deux cales en dessous pour éviter le glissement gauche-droite.
J’ai ensuite ajouté une planche de butée sur toute la partie arrière, afin de faciliter le positionnement de la chaise dans le sens avant-arrière, puis deux cales collées à la superglue pour que les pieds avant soient contraints dans la direction gauche-droite.
le cadre sur le pèse-personnele verso du cadre avec les cales pour éviter qu’il ne glissela chaise posée sur le cadre, lequel est posé sur le pèse-personne
Création d’un repose-pieds rétractable
Après le premier essai, il était clair qu’il fallait ajouter un repose-pied, car en utilisant le pèse-personne, on risque trop facilement de toucher le sol. J’ai donc imaginé un repose-pieds rétractable, en profitant de planches de la même taille que celles déjà utilisé.
Le principe d’usage est de s’asseoir avec le repose-pieds rétracté, puis le tirer pour l’usager ensuite.
Là encore, il faut penser une butée en avant, et une en arrière du repose-pieds tiroir. J’ai choisi d’avoir une butée sur le montant avant inférieur pour l’avant du tiroir, et une butée sur le montant avant supérieur (ajouté afin d’assurer la tenue du tiroir). J’ai d’ailleurs ajouté un morceau de carton plié en deux sous les deux vis latérales au moment de fixer ce montant au cadre, afin d’avoir un léger jeu nécessaire pour coulisser l’ensemble. Ici aussi, je n’ai rien mesuré, mais assemblé directement au milieu du cadre déjà assemblé, en utilisant une fine lame pour assurer un léger écart gauche-droite. Il est également important de s’assurer que les deux butées ainsi ajoutées ne touchent ni le sol (pour celle de devant), ni la balance (pour celle de derrière).
le cadre augmenté d’un repose-pieds tiroir, pour l’instant rétracté.le cadre augmenté d’un repose-pieds tiroir ouvert.
À l’usage, ce repose-pieds fonctionne parfaitement. Le dévers n’est pas trop important, on n’observe pas de risque de bascule vers l’avant.
Astuce pour faciliter la lecture
Dernier point, mais pas des moindres, le logiciel de la balance est conçu pour allumer l’écran dès que l’on s’installe sur la balance. Une fois la mesure réalisée, il affiche le poids pendant quelques secondes avant d’éteindre l’écran. Ce dernier ne se rallume qu’à condition que l’on se retire de la balance puis qu’on s’y repositionne.
Je n’avais pas identifié ce problème au début, et il s’est avéré assez contraignant, car quand on aide la personne à s’installer, on ne peut pas regarder l’écran en même temps, et une fois que tout est réglé, l’écran est déjà éteint.
J’ai d’abord imaginé déporter les 3 piles AAA dans un boîtier accompagné d’un interrupteur pour permettre d’allumer la balance à distance. Malheureusement, quand on rallume la balance avec un poids déjà positionné dessus, il ne rallume pas l’écran.
J’ai finalement trouvé une autre solution, pour contourner ce problème : le pèse-personne dispose sous la balance d’un bouton permettant par pressions successives de changer l’unité d’affichage (kg, livre, stone). Or, quand on active ce bouton pendant que l’écran est éteint, à la première pression la balance allume l’écran sans changer l’unité.
La seule difficulté était alors de donner accès à ce bouton situé sous la balance, alors que la garde n’est que de quelques millimètres. J’ai commencé par modifier le bouton en l’agrémentant d’un chapeau fait d’un disque de punaise métallique, puis j’ai détourné une cuillère en la redressant, afin de faire un levier facile à manipuler pour presser sur le bouton.
la fourchette redressée pour se glisser facilement sous la balance, et la tête de punaise pour faciliter la manipulation du bouton.la cuillère glissée sous la balance, on vise le point jaune dessiné sur la balance, en glissant la cuillère sous les traits pointillés.
On peut noter que cette astuce permet également de mesurer le poids du combiné chaise + cadre à vide (dans mon cas 8,9kg), afin de le soustraire à chaque pesée réalisée avec le dispositif.
Début décembre, Saucisse Records, le fameux collectif électronique d’expérimentation sonore à géométrie variable et topologie convexe s’est réuni pour une cession de 24 heures dans les murs du pôle 22 bis, sur l’invitation de Radio Campus Clermont.
La session a été diffusée sur Radio Campus Clermont, mais aussi Radiocratie et Radiosupeyres. J’ai profité d’un peu de temps pour mettre en ligne sur un site tout neuf l’archive de cette session, ainsi que de la session précédente, dont j’avais déjà parlé ici. Les supers visuels sur le site ont été réalisés par Nawk.
Nous prendrons bien sûr le temps d’alimenter le site dans les temps prochains, avec les archives des sessions 1 et 2, mais aussi avec les prochaines sessions.
Après plusieurs années sans émission sur Radio Campus Clermont, je reprend le chemin des ondes avec la bande la plus cool du monde pour une nouvelle émission : la radio des tas.
Nous sommes cinq : Aurélie, Cécile, Lise, Thierry et moi-même. La ligne éditoriale de cette émission n’est pas très simple à définir, peut-être Thierry dirait que c’est une émission de gauchistes. En tout cas, on parle de trucs qui nous intéressent, nous font réagir, des choses qu’on a envie de partager.
On a écrit cette petite présentation, qui donne le ton :
C’est clairement une envie de sortir du cadre, et de tout reprendre à zéro qui a fait naître la Radio des tas. On prend l’antenne de Radio Campus tous les deuxièmes mardis du mois de 21h à 22h. L’idée est de sortir du placard à covid pour révéler qu’en fait, on est sociaux, on peut réfléchir, analyser et partager nos réflexions. On va tenter de participer à y voir plus clair, ne pas se noyer dans la conspi, l’anxiété, la dép. Se faire du bien en étant vivant, en réfléchissant, en rigolant aussi.
l’équipe de la radio des tas
Quelques chroniques s’installent sur plusieurs épisodes, comme la chronique sur la chourse proposée par Thierry, la chronique à la source où Jordi raconte au micro de Cécile la génèse et l’histoire des mythes du néo-libéralisme, ou encore l’étagère que dalle, où je partage une lecture qui m’a marqué.
L’étagère que dalle
Dans la première émission, j’avais très envie de parler du livre où sont les « gens du voyage », inventaire critique des aires d’accueil, de William Acker. L’auteur y raconte la violence d’état et violence systémique que vivent les Voyageurs et Voyageuses, que l’administration appelle « gens du voyage ». Les aires d’accueil, seuls lieux de halte autorisées, ne sont présentes que dans 6% des communes de France, interdisant de fait aux Voyageurs et Voyageuses 94% du territoire.
Dans la deuxième émission, j’ai suivi le fil de La privatisation numérique, déstabilisation et réinvention du service public, de Gilles Jeannot et Simon Cottin-Marx, publié en 2022 aux éditions Raisons d’agir. Les auteurs y décortiquent les mécanismes qui font cette privatisation, laquelle dépasse largement la vente ou de la mise en concurrence des entreprises publiques. Blablacar, Google Maps, Doctolib, StopCovid, voici quelques exemples qui illustrent ces mécanismes. Mais certains acteurs, fonctionnaires ou associations, tentent de proposer des alternatives. On pense ici aux Communs entre l’IGN et OpenStreetMap, ou encore à Framasoft, ou la Quadrature du Net.
Technique
Pour la première fois, j’ai annoncé officiellement participer à réaliser la technique de l’émission, ce qui jusqu’à présent m’effrayait au plus haut point. Mais après deux émissions, ça commence déjà à aller mieux.
Et comme une émission de radio ne vient jamais seule, on a installé un petit wordpress des familles, et on l’a enrichie de fonctionnalités podcast grâce à l’extension Seriously Simple Podcasting, pour laquelle j’ai développé un petite extension supplémentaire bien pratique, SSP setposition, qui permet d’ajouter à un épisode des liens marque-page pour aller directement écouter une chronique. Vous retrouverez tout ça sur le site de l’émission, à l’adresse laradiodestas.org. Merci à Thierry Toth pour les visuels !
L’émission est d’ailleurs disponible sur la plupart des plateformes de podcast, n’hésitez donc pas à vous y abonner !
J’ai régulièrement une discussion avec les personnes défendant l’habiter à la campagne, qui sont convaincues que la ville n’est pas une solution soutenable et compatible avec une pensée écologiste. Mais ce qui ressort toujours de ces discussions, c’est que ce point de vue s’arqueboute sur un statut-quo. Puisque les usages collectifs actuels et de la ville sont incompatibles avec une vie décroissante, la seule solution est de réinvestir les zones rurales.
On comprend l’argument, mais pour plein de raisons, je le trouve limité.
Sortir de l’opposition dogmatique à la ville comme solution à vivre
Tout d’abord, ce sont ces mêmes rurbains qui viennent avec leurs bagnoles densifier le trafic des grandes villes. Ils ignorent ainsi la plupart du temps dans leur raisonnement la quantité de kilomètres de routes nécessaires à ce que leur solution impose. Et même quand ils sont d’accord pour se séparer de leurs solutions individuelles de mobilité, ils ne confrontent pas leur vision à la densité du réseau de voies de transport nécessaire à ce fonctionnement.
un espace rural rempli de champs, au loin la ville (image générée par Stable Diffusion)
Ils continuent de confronter la vision dystopique d’une mégalopole avec la douce vision bucolique d’un paisible arrière-pays, oubliant au passage que tant que l’humain s’étale, il empêche les autres espèces vivantes de s’épanouir. Car bien peu de territoires sont aujourd’hui de réels espaces de liberté pour les espèces non asservies à l’humain. 1Sur une question connexe, je conseille la lecture de Biomasse – une histoire de richesse et de puissance, de Benoît Daviron, publié aux éditions Quæ en 2020.
Je suis convaincu qu’il est nécessaire de repenser la ville et l’usage que nous faisons de nos déplacements, pour préserver au maximum de l’empreinte humaine les territoires nécessaires à l’épanouissement d’une biodiversité non productive pour l’humain. Et pour cela, il faut redonner à la ville les moyens d’être un espace à vivre.
Mettre fin à l’arrogance automobile
Quand on regarde l’espace urbain de manière objective, par exemple avec le super outil The arrogance of space, on constate qu’une quantité très importante de la surface des villes est consacrée aux véhicules motorisés individuels.
L’automobile omniprésente, c’est un vrai fléau pour la ville et pour les humains qui y vivent. Sur ce sujet, je vous invite à écouter le podcast Bagnole City, réalisé par Aurélie du cri de la girafe.
La dépendance collective que nous avons aux déplacements quotidiens imposera certainement pendant encore un long moment que la ville soit traversée par des moyens de locomotion. Plusieurs pistes existent, évidemment, pour en diminuer l’empreinte spatiale et écologique. On pense bien sûr aux transports en communs, à la bicyclette, à la marche. Mais il faut pour ça que la ville se transforme. C’est un vaste virage dans l’usage des espaces, et pour l’instant cela semble difficile à imprimer.
Le végétal dans la ville
Mais pour que la ville soit réellement un espace à vivre, il faut qu’elle évolue aussi sur d’autres points. Et si les espaces dédiés aux voitures se réduisent petit à petit, on peut imaginer plein de choses. Pendant longtemps, la ville et ses faubourgs étaient cultivés : arbres fruitiers, jardins individuels, cultures professionnelles, espaces communaux.
La ville d’aujourd’hui est bien peu verte (il a fallut faire place à la bagnole), et ces arbres vont bien mal, comme le raconte David Happe dans son dernier livre Au chevet des arbres, réconcilier la ville et le végétal (le mot et le reste, 2022). En réduisant l’espace destiné aux bagnoles, on imagine pouvoir aussi redonner de la place au végétal.
Et puis sinon, on passe toutes les rues de la ville en rue à sens unique, on récupère une voie automobile et une rangée de stationnement pour faire une vraie double piste cyclable, et un parc tout en longueur, avec des arbres qui font de l’ombre, pour de vrai. pic.twitter.com/aRpKHW0Wsf
Quels moyens avons-nous d’observer ces évolutions ? OpenStreetMap est un bon outil de veille collective sur les espaces publics et la présence de végétaux. En choisissant un rendu approprié, on peut consulter cette base de données géographique en filtrant les objets pour ne retenir que les arbres.
Les arbres référencés dans OpenStreetMap autour du centre de Clermont-Ferrand
On voit qu’il manque encore beaucoup d’informations, comme l’essence des arbres des rues, places et jardins publics. Mais OpenStreetMap est une base de données évolutive et contributive, alors on peut organiser des cartoparties arboricoles pour améliorer ces descriptions, voire pourquoi pas dans une démarche de science participative en faire un observatoire du vivant et de l’état de santé des arbres.
Sans être une solution révolutionnaire, de petits gestes sont imaginables. Il y a quelques années, on voyait les bacs à légumes des incroyables comestibles pousser à Clermont-Ferrand. On regarde aussi les expérimentations de végétalisation qui suivent la démarche légale du permis de végétaliser mis en place par Clermont Auvergne Métropole, comme dans plein d’autres grandes villes. La plupart de ces initiatives sont ornementales, mais sont peut-être les graines d’une mutation, où enfin on arrêtera de désherber à tout prix.
J’ai aussi découvert récemment l’existence à Paris, aux États-Unis et un peu partout de la guerrilla des greffeurs. Il s’agit ici de greffer des fruitiers sur les arbres de la ville, pour leur faire produire des fruits.
Il y a quelques années, je postais sur ce blog des photos d’un bâtiment abandonné, l’hôpital sanatorium Sabourin. Après une réhabilitation, ce bâtiment emblématique accueille aujourd’hui l’école d’archi de Clermont. C’est probablement le fait qu’il ait été classé qui l’a préservé de la démolition.
À l’autre bout de Clermont, au sud, un bâtiment n’a pas eu cette chance. Il a pourtant accueilli de pas mal de nouveaux arrivants en Auvergne. C’est un bâtiment qui a marqué la vie de nombreuses personnes. Radio Campus y avait tourné une balade sonore, la bibliothèque des glyphs ; l’AMTA y avait tourné un carnet sonore, plein de la mémoire des habitants et habitantes ; La Montagne a régulièrement envoyé ses journalistes raconter la vie de la muraille, en immersion avec les derniers habitants de la Muraille de Chine à Clermont-Ferrand.
Et aujourd’hui, après la démolition de la première tour du site, c’est le début du démantèlement du bâtiment principal. Voici donc quelques photos de ce jour qui montrent le début du chantier.
Une pelle mécanique et des gravats en bas de la Muraille de Chine.
Un monte-charge installé sur le flanc du bâtiment.
Une benne de collecte de déchets au milieu des gravats.
Benne pour les déchets, gravats et monte-charge au pied du bâtiment.
La Muraille de Chine, où régulièrement on a commencé à percer des trous dans le premier étage.
Depuis le parc, vue en contre-plongée sur le bâtiment qui a déjà perdu toutes ses boiseries.
Mise à jour : depuis quelques jours, on peut aussi écouter Murs-Mûrs, la bande du projet de labo théâtral lancé par la compagnie La Transversale sur le quartier Saint Jacques de Clermont-Ferrand en 2019.
À l’approche de la prochaine édition du bœuf électronique Saucisse Records, j’ai commencé à repérer quelques outils de synthèse qui permettent d’explorer la production de matière sonore d’une manière intéressante et ludique. Mon critère était que cela fonctionne avec GNU/Linux, éventuellement en web, de préférence capable de fonctionner avec jack, de sorte à pouvoir récupérer dans ardour le son généré, et ainsi pouvoir l’enrichir à la volée de traitements supplémentaires.
Je suis bien sûr attiré par la synthèse modulaire, qu’elle soit virtuelle ou matérielle, mais la courbe d’apprentissage semble importante, et j’avais envie en premier lieu de trouver des dispositifs plus simples à prendre en main.
Pink Trombone
L’année dernière, j’avais pas mal joué avec Pink Trombone, l’outil de synthèse de son phonatoire. L’interface présente une coupe de la bouche et du nez de côté, et propose de jouer avec la forme de la bouche, la position de la langue, et les différents autres paramètres qui pilotent la production de son par la voix, via le clic. Bien sûr, c’est un synthétiseur plutôt simple et naïf, mais il permet de faire déjà pas mal de chose.
Comme c’est un synthétiseur, on peut aussi le pousser au delà de ses limites, et réussir à produire du son pas prévu par le simulateur, c’est rigolo :
Pink Trombone en action, d’abord calmement, puis de manière un peu énervée.
PixelSynth
Cette année, l’un des premiers outils avec lequel j’ai commencé à joué, c’et PixelSynth. Le principe pourrait un peu faire penser à rawdodendron, cet outil de synthèse que l’avais fabriqué il y a quelques temps pour convertir une image en son, et réciproquement.
PixelSynth a lui l’avantage de proposer une interface interactive, où l’on voit pendant la génération du son la lecture de l’image scannée de gauche à droite. L’image est interprétée en niveau de gris, les points les plus lumineux déclenchant un son dont la hauteur dépend de la position du pixel dans l’axe vertical.
L’interface épurée de PixelSynth, où une image en noir et blanc représentant un ciel nuageux et nocturne est griffée de trois traits. La ligne rose verticale est interrompue à l’endroit où l’image est très lumineuse.
L’interface permet de changer d’image, d’en charger une personnelle, et d’ajouter des traits blancs continus en forme libre, pour alimenter le son généré d’une série de notes en progression contenue.
Ce mode de génération de son est clairement inspiré du synthétiseur historique ANS, conçu entre 1937 et 1957 par l’ingénieur russe Evgeny Murzin.
Virtual ANS
On trouve d’ailleurs d’autres projets qui se réclament explicitement de l’héritage de l’ANS, avec Virtual ANS, qui dans sa version 3 fonctionne parfaitement sous GNU/Linux.
L’interface est assez ludique, elle permet de dessiner des formes qui serviront ensuite à jouer des sons avec la même mécanique de déplacement de la barre de lecture, et de hauteur de note suivant la position verticale. Ne nombreuses possibilités de dessin sont offertes, on peut superposer des calques, et les paramètres permettent de régler le comportement global de la lecture.
Une démo de Virtual ANS
On se prend très vite au jeu, les possibilités étant multiples, combinant les plaisirs du dessin à celui de la synthèse de son. Les dégradés permettent de produire les nappes, et les marqueurs de temps précis invitent à explorer les possibilités rythmiques de l’outil. Très amusant !
Frontières
Frontières est une reprise libre non officielle d’un synthétiseur conçu par Chris Carlson, Borderlands. Elle fonctionne sous GNU/Linux, sur une approche complètement différente d’ANS.
Ici, on positionne dans l’espace des échantillons de sons (samples), puis on place des nuages sur l’espace, qui régulièrement produisent un événement. Chaque particule, positionnée dans l’espace, produit un petit extrait de son en le puisant dans les échantillons positionnés sur l’espace plan.
On peut alors piloter plein de choses : trajectoires et formes des nuages, enveloppe, aléatoire, superposition des grains, ajouts de déclencheurs…
Un exemple d’utilisation de Frontières
On peut séparer chacun des nuages sur une sortie jack différente, et ensuite utiliser ardour par exemple pour y ajouter des effets supplémentaires… Toute une aventure :)
Cela faisait plusieurs années que je n’avais pas eu l’occasion de m’éloigner de Clermont-Ferrand pour participer à des rencontres scientifiques. Ces dernières années n’étaient pas propices aux rencontres, et beaucoup de choses se passaient en visio.
Cette année, je suis allé présenter avec les gens de mon équipe Compas plusieurs travaux en cours ou récemment réalisés, d’une part à la rencontre annuelle des contributeurs et contributrices à OpenStreetMap France (SOTM-fr), et d’autre part à la conférence annuelle de l’Association of Geographic Information Laboratories in Europe (AGILE).
La foule des personnes réunies à Nantes pour SOTM-fr 2022L’amphi mis à disposition par l’université de Vilnius pour AGILE 2022 (photo Thomas Bartoschek)
La première intervention que j’ai proposé à SOTM donnait à voir un état des lieux des données ouvertes disponibles pour décrire l’accessibilité. Après avoir fait le tour des bases de données publiques en cours de construction (géostandard accessibilité CNIG, accès libre), j’ai présenté ce qu’OpenStreetMap contient sur cette problématique, et raconté comment nous pourrions travailler pour améliorer ces données :
OpenData pour l’accessibilité
Un peu plus tôt, j’étais invité par Jean-Louis Zimmermann à participer à sa présentation, intitulée « Comprendre l’accessibilité et la cartographier ». Nous y avons raconté comment une base de données géographique peut être un outil de recensement des dispositifs d’accessibilités existants (ou non), comment la sémantique d’OpenStreetMap peut servir de support et être encore étendue pour modéliser ces infrastructures :
Comprendre l’accessibilité et la cartographier
Avec Jérémy Kalsron et Samuel Braikeh, nous avons également présenté les avancées du projet ANR ACTIVmap, qui permet de produire des cartes interactives et en relief à partir des données d’OpenStreetMap. En assemblant le travail des différents chercheurs impliqués dans le projet, nous proposons de générer des représentations tactiles et sonores de carrefours, pour en faciliter la compréhension par une lecture en autonomie :
Production de cartes interactives pour déficients visuels à partir d’OpenStreetMap
Cette chaîne de traitement part d’une première brique, l’identification à partir des données du périmètre et de la structure d’un carrefour. J’ai ainsi proposé cette année une méthode originale pour répondre à cette question, et c’est ce que j’ai présenté à AGILE 2022. La présentation n’a pas été filmée, mais vous pouvez retrouver mon article ainsi que le code source associé en libre accès :
Cet été, nous poursuivons au LIMOS ces travaux qui visent à rendre compréhensible et lisible les espaces publics urbains à toutes et tous. Affaire à suivre !
En traversant régulièrement la ville avec ma fille qui utilise un fauteuil roulant, j’ai commencé à affiner ma compréhension de l’accessibilité de l’espace urbain. La modélisation de ces infrastructures est d’ailleurs devenu l’un de mes sujets d’étude.
Afin d’illustrer ce que je perçois de ces espaces, j’ai proposé sur twitter un fil consacré à l’étude de l’une des places du plateau central à Clermont-Ferrand, que je traverse très régulièrement. Elle se situe dans ans ce quartier commerçant, touristique et résidentiel qu’est l’hyper-centre de Clermont-Ferrand, aussi appelé plateau central.
Place importante, elle connecte la place Sugny vers Jaude, la place de la Victoire, la rue Massillon vers les petites rues du vieux centre, la rue terrasse et la rue Saint-Genès, très commerçantes.
image @CRAIG 2019
On identifie deux passages piétons matérialisés, un pour franchir la place Sugny, l’autre pour traverser la rue Massillon. Le passage piéton permettant de traverser la rue Saint-Genès se situe quelques dizaines de mètres en amont. Un des territoires privilégier des incivilités automobiles…
Illustration de l’incivilité automobile (#GCUM)
En terme d’accessibilité, la place Sugny est très en pente. L’un des trottoirs commence par un escalier ou par un trottoir étroit entre un mur et des voitures. L’autre trottoir impose de franchir l’un des spots de parking sauvage #GCUM les plus prisés du centre-ville.
Les trottoirs de la place Sugny sont peu accessibles
Le passage piéton permettant de traverser la place Sugny est d’ailleurs souvent impossible à utiliser, les #GCUM ayant pris l’habitude de le considérer comme une zone de stationnement. Mais même sans stationnement, le dévers important rend très difficile son accès.
Illustration d’un stationnement #CGUMLe dévers important de la traversée piétonne place Sugny
Dans ce virage, les #GCUM masquent souvent les piétons, qui lorsqu’ils s’engagent malgré tout sur la chaussée prennent souvent le risque de se faire écraser, car ici aussi, ça roule vite et maladroitement, pour négocier la grande pente en montée, et pour négocier la sortie de cette place encombrée.
On voit donc que la place Sugny et la rue terrasse sont peu accessibles, de même que le trottoir couvert par les arcades de la rue Saint-Genès. Ces voies de circulation piétonnes sont quasiment déconnectées des autres rues au niveau de la place royale. Et je n’ai même pas parlé de l’encombrement de la rue terrasse, infranchissable en fauteuil quand la nuit tombe et que les terrasses sont de sortie.
Schémas de la non accessibilité des cheminements à l’ouest de la place
Prenons un peu de recul, maintenant qu’on a vu la non accessibilité à l’ouest pour regarder ce qui se passe au nord et à l’est.
Zones de cheminements piétons autour de la place royale
Le deuxième passage piéton de la place, qui traverse la rue Massillon est fonctionnel, même si les stationnements intempestifs sur les emplacements marqués en jaune (stationnement interdit) rendent la co-visibilité assez difficile.
Illustration par un tweet de la co-visibilitéMauvaise co-visibilité du passage piéton traversant la rue Massillon
Continuons avec la dernière traversée, celle de l’entrée de la place de la Victoire. Le trottoir de gauche est tout simplement infranchissable. Une alternative consisterait à emprunter la chaussée jusqu’au début de la place Sugny, mais on a déjà dit que c’était un espace de choix des #GCUM.
Accès impossible.
Un trottoir infranchissable
On peut aussi imaginer poursuivre le long du trottoir pour trouver plus loin un moyen de franchissement. Effectivement, un peu plus loin, on trouve un franchissement à niveau. Mais on tombe alors dans le royaume des terrasses, qui encombrent les espaces de circulation publiques, rendant impossible le franchissement.
Une bonne nouvelle pour les usages piétons de la place de la Victoire à @ClermontFd, où la privatisation des espaces publics rendait quasiment impossible le cheminement piéton sur les trottoirs de la place…https://t.co/oQUMHd9Jjm
Peut-être un jour ces terrasses permettront le passage des usagers piétons de la placeLe passage à niveau encombré de terrasses
À noter qu’une fois engagés sur la place de la victoire depuis le trottoir de droite, on est très vite contraints de rejoindre la chaussée pavée, laquelle est bordée d’un côté par les terrasses, de l’autre par une marche de plus de 10 cm pour rejoindre le milieu de la place. Si une voiture arrive, t’es foutu.
Rue piétonne, véritable canyon urbain pour les usagers en fauteuil roulant
En conclusion, voici donc une place quasiment infranchissable, peu importe d’où l’on vienne.
Description : un plan récapitulatif de tous les trajets impossibles aux abords de cette place.
Alors bien sûr, j’ai simplifié. Je n’ai pas parlé des revêtements des trottoirs souvent très mauvais, des dalles manquantes, des nombreux dévers inutiles, des automobiles qui foncent dans les aires piétonnes où il n’y a pas de trottoir refuge. Les abords de cette place sont particulièrement impratiquables.
À bientôt pour une nouvelle chronique de la non accessibilité ordinaire !
Ma fille est touchée par une maladie génétique rare, qui entraîne beaucoup de conséquences sur sa santé et sur le quotidien, comme j’en ai notamment parlé dans le podcast Quand même pas, Papa !.
On peut parfois se sentir démuni malgré l’accompagnement des professionnels qui entourent notre proche malade, et être un peu perdus quand il s’agit de comprendre la maladie, et de suivre l’avancée des prises en charge médicales et des avancées de la recherche.
Dans cet article, je raconte comment je procède pour me tenir informé de ces actualités, afin d’y puiser des idées d’accompagnement et d’aménagements pour ma fille, mais aussi pour prendre du recul par rapport au quotidien, en regardant ce que les scientifiques et médecins apprennent régulièrement sur la maladie.
Identifier les sources d’information utiles
Faire une veille sur les avancées d’une maladie, ça n’est jamais simple. D’une part parce que l’information est éparpillée à plein d’endroits, mais aussi parce que ces sources sont souvent très techniques, scientifiques, pointues. Plutôt que de chercher à tout lire, il est préférable d’identifier quelques sources qui font un travail de synthèse et de sélection de l’information.
On peut par exemple repérer et suivre les publications des associations nationales qui regroupent des personnes directement ou indirectement concernées par la maladie. Dans le cas de la maladie de ma fille, il y a l’association française Vaincre les Maladies Lysosomales, l’association anglaise BDFA, ou encore l’association américaine BDSRA. Parfois ces associations sont regroupées en fédération internationale, qui peut être plus ou moins active. Pour la maladie de ma fille, on repère la Batten Disease Internationale Alliance, mais qui n’est pas très active.
Certaines équipes de recherches ou centres cliniques spécialisés proposent des sites internet regroupant une information fiable et complète sur la maladie. Dans mon cas, je peux par exemple consulter le site NCL ressource, animé par une chercheuse (Sara Mole) spécialisée sur la question, ou encore NCL-Net, alimenté par deux chercheurs et praticiens hospitaliers (Alfried Kohlschütter et Angela Schulz).
Avec ces quelques sources, on peut suivre efficacement l’actualité de la maladie. Mais si on veut aller plus loin, on peut aussi regarder régulièrement ce que publient les laboratoires qui travaillent sur ces maladies, commeAmicus Therapeutics dans le cas de la maladie de Batten.
Pour le suivi et la prise en charge quotidienne, on peut trouver de l’aide et des idées auprès des associations de proches aidants, ou encore en suivant les publications d’équipes spécialisées dans la veille sur ces questions, comme par exemple le centre de documentation de l’Équipe Relais Handicap Rares d’Auvergne Rhône-Alpes.
Il existe aussi des particuliers qui font un travail de veille et de synthèse, et qui publient sur internet ce travail, comme par exemple le site que j’anime sur la maladie de ma fille : https://cln.jmfavreau.info/.
S’organiser pour ne pas passer trop de temps
Une fois qu’on a identifié les sources possibles d’information, il faut s’organiser pour les suivre. Beaucoup de ces sources sont en anglais, ce qui est un frein à la compréhension. Il existe heureusement aujourd’hui de très bons outils qui proposent une traduction automatique permettant d’accéder à une version française (un peu maladroite, mais fonctionnelle) de ces documents. Je pense par exemple à l’impressionnant outil en ligne deepl : https://www.deepl.com/.
On peut ensuite identifier les listes de diffusion disponibles, et s’y abonner. On reçoit ensuite régulièrement un email, généralement sous forme de newsletter, qui fait la synthèse de l’actualité de la maladie. C’est ce que proposent par exemple BDFA, BDSRA, ou le centre de documentation de l’équipe relais handicap rare, des structures citées plus haut. Une bonne pratique consiste alors ranger ces messages dans un dossier dédié de sa boîte mail, soit en les déplaçant à la main à la réception, soit en créant des filtres pour que ces messages se rangent automatiquement. On peut alors les consulter une fois par semaine ou par mois par exemple.
On peut aussi repérer les pages facebook de ces différentes associations, et s’y abonner (en configurant l’abonnement pour que les publications soient montrées en priorité).
Enfin, certains sites intéressants n’ont pas ces mécanismes de notification, et j’essaye d’aller les consulter de temps en temps.
Il existe aussi des outils comme les alertes des moteurs de recherche qui permettent d’avoir régulièrement une synthèse des pages internet récemment publiées sur un sujet, mais ça commence à faire beaucoup de trafic.
Faire la synthèse
Une fois qu’on s’est organisés pour recueillir toutes ces informations, on peut s’organiser pour en faire la synthèse. Pour ma part, c’est ce que je fais par exemple sur le site que j’alimente sur la maladie de Batten, ou sur la page facebook dédiée. Mais ça peut aussi être dans un document sur son ordinateur, ou sur un cahier. Cela me permet d’avoir un endroit où retrouver toutes les informations qui m’ont semblé importantes, et d’avoir un moyen de les partager à l’occasion avec les personnes qui s’intéressent à la même maladie.
Je trouve aussi important de partager ces recherches avec d’autres personnes. Dans mon cas, je partage cette veille scientifique avec ma sœur Émeline Favreau, que je remercie ici pour son accompagnement depuis toujours. je trouve que les groupes privés facebook sont aussi de bons moyens pour partager ces informations avec d’autres parents. Sur la maladie qui focalise mon attention, je suis inscrit à plusieurs groupes en langue française et anglaise, et nous y échangeons à un rythme variable de plein de questions liées à la maladie. Un bon endroit pour parler de l’actualité, mais aussi des choses concrètes de la vie ! Il faut tout de même ne pas oublier que les informations qui sont échangées dans ces groupes ne peuvent être considérées comme des vérités, il est important à chaque fois de repérer les sources à l’origine de ces informations, en faisant confiance aux informations issues d’acteurs de confiance (équipes de recherche, équipes médicales, etc).
Aller encore plus loin
Quand on est curieux, que l’on a du temps, et qu’on a l’habitude de lire beaucoup d’articles scientifiques, on peut aussi choisir de faire une veille scientifique complète sur la maladie.
On s’intéresse alors aux projets de recherche spécialisés sur la question, dans mon cas comme le projet BATcure qui était porté par Sara Mole. Ou encore en identifiant les conférences dédiées à cette maladie, où les chercheurs viennent présenter leurs avancées. Dans mon cas, il s’agit de la conférence NCL, qui a lieu une fois tous les 18 mois.
On peut aussi utiliser les moteurs de recherche dédiés aux publications scientifiques, comme google scholar, et activer des notifications sur les articles qui traitent de la maladie.
Mais faire une telle veille demande énormément de temps, et d’expertise, ce que tout le monde ne peut pas déployer. Heureusement, c’est le travail assuré par les associations dont je parlais en début d’article. On peut donc leur faire confiance pour suivre toutes ces actualités et les partager avec nous !
Depuis que la maladie de ma fille est connue, je m’intéresse à la recherche médicale, et à la manière dont les produits pharmaceutiques sont évalués, puis commercialisés. J’ai résumé ces idées dans une page dédiée sur le site que je maintiens au sujet de la maladie de ma fille. J’ai aussi progressivement consolidé mes connaissances en biologie cellulaire, pour comprendre les mécanismes en jeu dans sa maladie, ce que j’ai aussi tenté de vulgariser dans une page dédiée.
Je propose donc dans cet article de formuler de manière posée et vulgarisée comment fonctionne un essai clinique, et ce que les vaccins sont parmi les traitements médicaux. En effet, les différentes discussions que j’ai pu avoir ces derniers mois me font penser que beaucoup de personnes n’ont pas eu l’occasion d’avoir accès à un résumé clair de ce qu’est un vaccin, ou un essai clinique.
Les essais cliniques
Les essais cliniques sont la dernière phase dans la recherche médicale, quand on conçoit une solution thérapeutique. Elle arrive après les essais pré-cliniques, lesquels sont généralement réalisés sur des tissus vivants plus ou moins complexes : tissus biologiques in vitro, espèces unicellulaires, modèles animaux plus ou moins gros.
Les essais cliniques sont très encadrés par les différentes agences des médicaments (aux États-Unis d’Amérique, en Europe, etc), qui valident ou non les demandes des firmes, en se basant sur les résultats des étapes précédentes pour valider ou non chacune des phases.
Ainsi, dans le cas du développement d’une solution thérapeutique, on observe toujours les mêmes phases, que l’on peut représenter par ce schéma. Évidemment, les durées sont ici données à titre indicatif, et correspondent aux pratiques dans le cas général, hors pandémie.
Les différentes étapes dans le développement d’une solution thérapeutique
Sur cette frise chronologique, on retrouve les étapes suivantes :
La recherche pré-clinique : pendant cette étape, on part d’une idée originale, et on explore scientifiquement tous les aspects de cette piste, depuis sa réalisation jusqu’aux possibles conséquences non désirées.
La production et l’autorisation : une fois qu’une approche semble pertinente, on se prépare aux essais cliniques. Il faut pour cela produire le traitement en assez grande quantité, et en parallèle obtenir l’autorisation des autorités nationales pour pratiquer ces tests cliniques.
Premiers essais cliniques, phase I et IIa : pendant cette première étape, on utilise un protocole très précis pour tester le traitement sur quelques patients. Dans cette étape, on étudie la dose optimale, et les possibles effets secondaires non désirés.
Essais cliniques, phase IIb et III : pendant cette deuxième étape, on utilise un protocole plus large pour tester le traitement sur un nombre plus important de patients. Dans cette étape, on compare l’efficacité du traitement, par rapport à d’autres solutions, ou à un placebo.
Démarches pour l’obtention d’une licence de commercialisation : cette étape est spécifique à chaque pays ou union de pays, et prend généralement une année.
Ainsi, quand on entend que les différents vaccins contre le COVID sont en phase III, et donc n’ont pas encore été testés, il s’agit là d’une mauvaise interprétation de ces différentes étapes : la phase I et II, servant à évaluer les effets secondaires et à ajuster les dosages a déjà eu lieu. La phase III quant à elle sert à évaluer l’efficacité du vaccin, et c’est cette phase qui n’était pas encore finalisée au moment de l’utilisation massive du vaccin sur la population mondiale.
Enfin, les vaccins contre le covid sont les thérapies ayant été le plus suivies sur ses effets secondaires, notamment par l’ampleur de son utilisation. Toute personne intéressée peut consulter le point mensuel proposé par l’ANSM, très détaillé, qui observe en tant qu’acteur public les conséquences de l’utilisation de ces vaccins. Aucun autre essai clinique ni thérapie n’a fait l’objet d’autant d’études, de contre-évaluations, et d’observation de résultats à grande échelle. Pourtant, tous les autres médicaments sont aussi passés par les mêmes étapes (recherche pré-clinique, production et autorisation, essais cliniques phases I et II, phase III, puis obtention d’une licence de commercialisation), exception faite de l’homéopathie qui en général n’arrive pas à montrer son efficacité en phase III.
Les vaccins
Le principe d’un vaccin, peu importe sa technologie, vise à consolider le système immunitaire pour le préparer à se défendre face à un virus. Pour rappel, le système immunitaire est capable d’identifier une cellule étrangère grâce à des marqueurs chimiques. Il fabrique alors des anticorps pour lutter contre les cellules étrangères. Cette connaissance des cellules étrangères passées est assurée notamment par les globules blancs et les lymphocytes T, qui peuvent relancer la production d’anticorps si une cellule étrangère déjà connue est de nouveau identifiée.
Le principe des vaccins consiste donc à présenter au système immunitaire une cellule inoffensive mais à la signature chimique semblable à un virus que l’on veut combattre, pour que le système immunitaire apprenne à la reconnaître, et qu’il soit plus tard en mesure de se défendre quand il rencontrera le virus correspondant.
Si beaucoup de vaccins nécessitent un ou plusieurs rappels, c’est parce que le niveau de défense immunitaire atteint grâce à une dose de vaccin décline au fil du temps, et ne permet pas ensuite au système immunitaire d’être assez réactif pour réagir face au virus.
Chaque virus étant différent (vitesse de mutation, vitesse de propagation, dangerosité, etc), et les vaccins n’étant jamais efficaces à 100%, on observe donc des recommandations différentes suivant les virus.
Les vaccins à ARN messagers qui sont au cœur de la campagne de vaccination contre le COVID fonctionnent non pas en introduisant en entier une cellule étrangère inoffensive, mais en permettant à nos cellules de produire temporairement les marqueurs chimiques imitant la présence de ces cellules indésirables. Le système immunitaire réagit alors de la même manière qu’avec un vaccin classique, en apprenant à reconnaître ces marqueurs. Après quelques temps, on observe un arrêt de la production de ces marqueurs, correspondant à la destruction de l’ARN messager introduit (ces protéines n’ayant qu’une durée de vie limitée). Pour lire plus en détail sur cette question, on peut par exemple lire cet article intitulé « Comment fonctionnent les vaccins à ARN (et à ADN) ? ».
Le braille fait partie des outils bien connus pour écrire et lire avec les doigts. C’est un outil essentiel de l’accès à la culture et à l’éducation pour les personnes en situation de handicap visuel.
Mais comment écrire les mathématiques, qui souvent utilisent des figures, et des équations complexes. Et d’ailleurs, comment ça marche vraiment, le braille ? Et quel est le rapport avec le LaTeX, ce langage d’écriture de documents scientifiques ?
L’activité de l’association VML est essentielle pour plein de raisons : elle permet aux personnes concernées (porteuses de maladies lysosomales, proches) de trouver de l’information, du soutien, des moments de répit, elle structure et met en relation les différents acteurs au niveau national et international autour de ces maladies, elle réalise une veille sur l’actualité de recherche, et même finance la recherche sur des sujets qui parfois ne sont pas soutenus par les autres financeurs.
Chaque année, le premier dimanche d’octobre, les membres de l’association organisent un peu partout en France et ailleurs la balade du lysosome. Cette année, nous y participons aussi en organisant une marche intitulée « Ensemble pour VML à Clermont-Ferrand ». C’est le 3 octobre, et on se retrouve à 15h au parc du Bois-Beaumont (plus d’infos sur la carte dessinée, ou en me contactant directement) pour parcourir le chemin vert, le long de l’artière.
Cliquez sur la carte pour retrouver le trajet et les détails d’organisation.
Pour les personnes qui vivent au quotidien avec la maladie, ce moment est important car il permet de se sentir entourées, de sentir que l’entourage et même un peu plus ont conscience de cette maladie, et sont solidaires, pour vaincre les maladies lysosomales.
Et puis que vous participiez ou non à la balade du lysosome le 3 octobre, je vous demande de participer (même pour quelques euros) à la cagnotte que j’ai initiée avec ma fille en soutien à Vaincre les Maladies Lysosomales à l’occasion de cet événément.
Dans un article précédent, je racontais comment utiliser pulseaudio et jack pour envoyer dans une visio le son de n’importe quel logiciel.
Il arrive aussi que l’on veuille utiliser ce genre de routages pour enregistrer dans un DAW (digital audio workstation) le son de n’importe quel logiciel. Jack est un serveur son super flexible, qui permet de faire un grand nombre de routages, et ce de manière très simple grâce à l’interface claudia.
Je vous propose donc une vidéo qui raconte de manière très simplifiée comment tout cela fonctionne, avec des petits dessins, mais aussi des vrais clics dans les logiciels.
Le dernier article sur mes lectures date un peu, car j’ai pris l’habitude de les évoquer sur twitter. Sur la plateforme de microbloging (comme on disait autrefois), je publie au fil de ces lectures quelques extraits qui correspondent aux discussions en cours… Mais après une année, j’ai un peu perdu la vision d’ensemble que permettait auparavant les posts sur ce blog, sur les thématiques dont je parle ici.
Voici donc sous forme d’un article récapitulatif quelques références à des livres que j’ai aimé lire cette année.
Du son
Le son est toujours une question qui m’intéresse, depuis la création radiophonique jusqu’à l’écoute et l’écologie sonore. Si je lis moins sur la question qu’il y a quelques années, j’ai tout de même trouvé quelques titres qui ont vraiment attiré mon attention.
Du son au signe, de Jean-Yves Bosseur
Je connais le travail de Jean-Yves Bosseur depuis près de 10 ans, grâce au festival Musiques Démesurées, où il avait été invité à plusieurs reprises. Ce musicologue raconte de manière passionnante l’histoire de la notation musicale. Du son au signe raconte cela, de manière chronologique. Si la qualité de la mise en page et de reproduction des figures laisse un peu à désirer, l’histoire qu’y déroule Jean-Yves Bosseur est captivante.
J’ai découvert le musicologue Jean-Yves Bosseur grâce au festival @musiquesdem il y a quelques années. L’écouter parler de l’écriture de la musique est passionnant. Dans ce livre, il revient sur l’histoire de la notation musicale, principalement en Europe et aux États-Unis. pic.twitter.com/qz1C4KiGrb
le fil consacré au livre Du son au signe, sur Twitter.
Audimat numéro 15
Je ne regrette vraiment pas mon abonnement à Audimat, où les articles balayent une grande diversité de questions, à la frontière entre son, production musicale et société. Le numéro 15 est aussi intéressant que les précédents. Déroulez le fil twitter pour en trouver quelques détails.
Le fil consacré au numéro 15 d’Audimat sur Twitter
It’s a teenager dream, Dominique Blanc-Francard
Dominique Blanc-Francard (DBF) est l’un des producteurs et ingénieur son français les plus actifs de la deuxième moitié du XXe siècle. Dans cette autobiographie, co-écrite avec Olivier Schmitt, il parcourt sa trajectoire professionnelle, en racontant l’évolution matérielle et technique, les rencontres artistiques, les succès et les productions plus confidentielles. Je l’ai lu d’une traite, comme une promenade au cœur d’un univers riche en aventures, rencontres et explorations en tout genre.
Lecture estivale. On suit DBF dans l’aventure de sa vie, de studios en studios. Plein d’artistes, d’anecdotes, de technologies qui se succèdent au fil des ans. Captivant ! pic.twitter.com/0Y2BAC5MRf
Le fil consacré à It’s a teenager dream sur Twitter.
Electroclit” #1
Un fanzine découvert grâce aux conseils de Claude, qui raconte les débuts des musiques électroniques, en tissant au fil des portraits des liens entre facteurs et factrices d’instruments, musiciens et musiciennes… En proposant une alternative solide aux rétrospectives qui ignorent la place des femmes dans cette histoire, ou au contraire les utilisant comme des arguments commerciaux avec futilité.
Découverte très chouette grâce à @cybertooth, reçu ce matin dans ma boîte aux lettres.
Mettre en ondes la fiction radiophonique, de Blandine Masson
Dans ce livre publié en 2021, Blandine Masson raconte les rapports tumultueux entre théâtre et radio en France, où plusieurs écoles se sont exprimées en parallèle : soit en envisageant la radio comme un outil de rediffusion des grandes pièces de théâtre, permettant de rendre accessibles à toutes et à tous cette expression artistique, soit comme un espace où expérimenter une nouvelle manière de penser le théâtre, en exploitant toutes les possibilités du média. Certaines décennies ont vu l’une des écoles dominer, parfois l’autre. Parfois le théâtre a même failli disparaître de l’antenne de Radio France, jusqu’à ce que le podcast vienne sauver ces pratiques. On découvre aussi dans ce livre l’importance du festival d’Avignon dans cette histoire.
Sur le chemin du retour de @LibClermont, j’écoute Nos géographies de @DomRousset sur @franceculture, qui discute avec ses invités de la fabrication des atlas.
Pourquoi le nord est-il en haut ? petite histoire des conventions cartographiques, de Mick Ashworth
Évoqué dans le tweet un peu plus haut, Pourquoi le nord est-il en haut ? petite histoire des conventions cartographiques propose de très nombreuses reproductions de très belles cartes, qui interrogent à travers le temps et l’espace les pratiques cartographiques. On s’y promène avec plaisir, et les pages se succèdent, plus captivantes les unes que les autres sans que l’on s’en aperçoive. On y retrouve pas mal d’idées connues des curieux de la cartographie, mais aussi plein d’exemples qui illustrent et permettent de mieux comprendre encore.
L’atlas des frontières, de Bruno Tertrais, Delphine Papin et Xemartin Laborde
Lui aussi évoqué dans le tweet un peu plus haut, L’atlas des frontières n’est pas un livre militant, mais explore bon nombre de questions et problématiques autour des frontières. On y trouve des curiosités administratives, des usages et des lois, des histoires de peuples et d’humains. C’est à la fois captivant et illustre parfaitement l’absurdité des lois humaines qui partitionnent le monde.
The Red Atlas, de John Davies et Alexander J. Kent
Découvert grâce à une vidéo de Map Men, c’est le premier livre en langue anglaise consacré aux cartes que j’ai eu envie de lire. On y retrouve l’enquête de passionnés, qui essayent de retrouver grâce à ces cartes ayant émergé après la chute du mur comment les services secrets de l’URSS ont réussi à cartographier pendant plusieurs dizaines d’années les territoires du bloc de l’ouest, d’une manière précise, uniforme et rigoureuse. On découvre au cours des chapitres les erreurs ou biais de représentation qui permettent de retracer les outils : cartes civiles des pays de l’ouest, enquêtes sur place, anciennes cartes militaires allemandes, vues satellites…
Et cette semaine, je continue mes lectures avec ce titre devenu un classique « How to lie with maps », dans sa troisième édition. pic.twitter.com/Rhyyj35REF
Le fil consacré à deux livres en anglais, consacré aux cartes : The Red Atlas, et How to Lie With Maps
How to Lie With Maps, de Mark Monmonier
En faisant l’acquisition d’un premier livre en anglais, je me suis laissé convaincre et j’ai aussi commandé un exemplaire de cette bible des étudiants anglophones en cartographie, comment mentir avec les cartes. L’ouvrage raconte par le menu la manière dont les auteurs de cartes tordent volontairement ou involontairement la réalité, pour réussir à présenter ce qui les intéresse, en utilisant ces pratiques au service du lecteur, ou au contraire pour l’influencer.
Très simple d’accès, il reprend toutes les notions élémentaires de la cartographie, et est effectivement un ouvrage très pédagogique pour le débutant.
La ville, les humains, la nature
En prolongement de la cartographie, l’un des sujets d’intérêt que j’aime à explorer est la ville, ou la manière d’habiter. Évidemment, on en arrive aussi à parler de la nature.
Les abandonnés, histoire des « cités de banlieue », de Xavier de Jarcy
En suivant le compte Mémoire2Ville, j’ai découvert au hasard d’un échange ce livr ede Xavier de Jarcy, que j’avais déjà lu avec plaisir dans Le Corbusier, un fascisme français. Dans Les abandonnés, on parcourt l’histoire de l’établissement des grands ensembles chaque chapitre égrainant une année depuis les années 30 jusqu’aux années 70, pour évoquer la politique de l’état, poussée par les hygiénistes, tiraillée entre dépenses militaires et explosion de la natalité. On y apprend que contrairement à une idée reçue, la France a bien moins construit que ses voisins allemands et anglais à la sortie de la guerre, et comment la misère du logement ultra précaire a durée de nombreuses années malgré la construction de ces grands ensembles. On apprend aussi que pour 6000 logements, il était préconisé de ne pas implanter de bar, mais qu’une église, deux écoles, voire quelques commerces étaient plutôt envisagés. On découvre aussi que dans les années 50, on estime qu’une place de stationnement pour 5 foyers est largement suffisant, et que l’on préfère économiser en infrastructure de voirie en ne construisant que quelques voies principales, et en ajoutant des voies de désertes perpendiculaires, non traversantes. L’idée d’avoir de grands espaces verts pour que les gens s’épanouissent s’effondre rapidement avec l’arrivée de l’automobile pour tous, et de l’ennui causé par le peu d’équipements financés, ces cités dortoir ne proposant aucune activité, ni accès pratique aux quartiers équipés des centre-villes…
Les abandonnés, histoire des « cités de banlieue », de Xavier de Jarcy
Où sont les « gens du voyages » ? inventaire critique des aires d’accueil, de William Acker
Twitter est un outil intéressant pour suivre des initiatives, des chercheurs, des communautés que les médias ne savent pas raconter. C’est ainsi que je suis William Acker, un juriste Voyageur. Son ouvrage Où sont les « gens du voyages » ? inventaire critique des aires d’accueil est à la fois très facile à lire, mais en même temps terriblement dur par les idées qu’il développe et qu’y y sont étayées de nombreuses références et exemples concrets. On y retrouve tout le racisme d’état, des citoyens et des collectivités locales envers les Voyageurs. À lire de toute urgence pour mieux comprendre beaucoup de choses que l’on entend parfois évoqué d’une manière tellement négative et non constructive par les médias.
Entamé aujourd’hui, je dévore le livre de @Rafumab Détaillé, posé, riche et tellement explicite de l’attitude honteuse et méprisante de état et de collectivités locales… pic.twitter.com/4PPTAVWwCi
L’année dernière, j’avais adoré lire l’architecture de la voirie d’Éric Alonzo. Je n’ai pas réussi à résister à l’envie de lire son autre titre « du rond-point au giratoire », qui s’il partage quelques exemples et références avec le volume consacré à la voirie, entre bien plus dans les détails de l’histoire de ces infrastructures de croisements. À la fois historique, politique, signe de changements sociaux et de développement des techniques modernes d’urbanisme, le giratoire est raconté et illustré avec un superbe enthousiasme par Éric Alonzo.
En continuant à lire Éric Alonzo, cette fois-ci dans « Du rond-point au giratoire », je découvre la génèse des autostrades urbaines de Jacques Gréber au début des années 1930. pic.twitter.com/oeMhxf1doo
Les gens de la revue Audimat continuent leur chemin, en proposant le numéro zéro d’une revue que j’aimerais voir naître avec plaisir. Patchwork qui regarde la ville et la manière d’habiter, parfois sous l’angle de la fiction, parfois depuis l’article sociologique ou l’essai politique, il alimente la réflexion sur la manière d’habiter.
Dans ma boîte aux lettres ce midi, le numéro zéro de la revue Habitante, aux @AudimatEditions. Déjà abonné et à chaque fois passionné par les numéro de la revue Audimat, je suis impatient de découvrir leur proposition plus géographique. pic.twitter.com/0kX62rSm5p
J’ai dévoré en quelques jours, Arbres en péril, de David Happe, qui raconte la trépidation de l’activité humaine vue depuis le rythme des arbres. On est foudroyés par l’état des lieux proposé par l’auteur, qui permet de comprendre les conséquences de toutes ces espèces que l’on classe maintenant comme en voie de disparition.
On comprend aussi la différence entre ces arbres domestiqués que l’on duplique pour l’agrément ou la culture des arbres sauvages, qui forment des forêts à l’écosystème riche, et non reproductible autrement qu’en les laissant s’établir dans leurs espaces initiaux.
Les arbres en péril (couverture)
Cette semaine sur @LSDseriedoc, une série qui permet d’entendre la trépidation humaine vue depuis le rythme des arbres. Cette trépidation racontée par @ExpertHappe dans « Arbres en péril », que j’ai lu en août et qui a marqué mon été.https://t.co/AI9Rl6z5hwhttps://t.co/pddLPKwfet
Opération vasectomie : histoire intime et politique d’une contraception au masculin, d’Élodie Serna
Dès les premières pages d’Opération vasectomie, j’ai compris combien cette technique de contraception avait une dimension politique. Tour à tour brandit par les anarchistes comme un moyen d’émancipation face aux injonctions d’un système capitaliste, étatique et nataliste, puis par les hygiénistes et eugénistes comme un outil de contrôle de la reproduction des représentants du peuple, la vasectomie est encore considérée dans de nombreux pays comme une pratique courante, au service d’une contraception consciente et réfléchie.
Ce n’est pas vraiment le cas en France, où l’on retrouve encore dans l’ignorance collective de l’après traque des anarchistes, et de la fin d’une pensée ouvertement eugéniste.
Le pain
Depuis plus d’un an, j’explore la pratique de la boulangerie au levain. J’y ai d’ailleurs consacré un blog, où j’ai récemment proposé deux articles sur des lectures qui alimentent ma pratique et réflexion.
Notre pain est politique, les blés paysans face à l’industrie boulangère
Notre pain est politique, issu d’un collectif explorant des pratiques paysannes dans la culture du blé, sa transformation en farine puis en pain, et accompagné par la revue Z. Il permet de bien comprendre la différence entre le concept flou de blés anciens, et celui des blés population. Il raconte une pratique plein d’explorations, de recherches collectives et individuelles, qui construit un chemin alternatif à l’industrie agroalimentaire. Le groupe à l’origine de ce livre se réparti sur le territoire Auvergne Rhône-Alpes, et ça donne l’envie d’aller les rencontrer…
En cette période propice à la lecture, j’ai dévoré « Notre pain est politique – les blés paysans face à l’industrie boulangère », et je vous le recommande chaudement.
Il raconte le travail des membres du Groupe blé de la région Auvergne-Rhône-Alpes.https://t.co/OSbGIuItQO
Le traité de boulangerie au levain, de Thomas Teffri-Chambelland
Il y a un an, j’avais parcouru le traité de boulangerie au levain, mais je le trouvais un peu trop théorique et loin de ce que je comprenais du pain. Après une année de pratique, je me suis replongé dedans, et j’y ai trouvé énormément de réponses à mes interrogations, et même des réponses à des questions que je n’avais pas encore réussi à formuler.
Deux volumes que je prendrai le temps de reconsulter régulièrement, je suis convaincu que j’y trouverai régulièrement de quoi alimenter mes réflexions.
Lecture estivale et ressource incontournable pour qui pratique le pain au levain : le traité de boulangerie au levain.https://t.co/7wflZhzhIb
Du handicap à l’accessibilité : vers un nouveau paradigme, de Frédéric Reichhart
Frédéric Reichhart présente dans ce livre assez technique la construction de la notion d’accessibilité dans les textes et dans la loi, en France. On découvre combien c’est à la fois une bataille de longue halène, semé de frileuses avancées légales, et souvent suivies d’aménagements pour assouplir les choses. Voilà comment cette question progresse très doucement, depuis les premières avancées liées à l’accessibilité des personnes à mobilité réduite (et la très puissante APF), jusqu’aux avancées plus récentes, permises notamment par les idées insufflées depuis les pays anglosaxons.
En échangeant autour du podcast de proche aidant que je publie, on m’a conseillé quelques lectures, comme les différents livres de Blandine Bricka. J’ai eu l’occasion d’en lire deux, construits comme des entretiens. Le premier, sous-titré « paroles d’aidants », présente une relative diversité de conditions, et raconte ces acteurs et actrices de l’ombre, parfois les seuls ponts entre les personnes en situation de handicap et le reste de la cité. Le deuxième, sous-titré « être accompagné au quotidien », présente le vécu de personnes concernées, bénéficiaires d’un accompagnement de la part de leurs proches, ou de personnes rémunérées pour cela. Une manière d’alimenter la réflexion sur ce vécu parfois complexe.
Deux volumes de Des liens (presque) ordinaires de Blandine Bricka : paroles d’aidants, et être accompagné au quotidien.
Deuxième saison de développement l’application Pictoparle, un outil de communication alternative et augmentée destiné aux personnes en situation de déficience visuelle rencontrant des difficultés dans la communication orale. On peut bien sûr aller voir ce qui s’est passé lors des sprints précédents, car je parlerai ici uniquement des avancées récentes.
Après l’annonce de la saison 2 du développement du pictoparle, j’ai commencé doucement à corriger quelques points problématiques, notamment sur l’assemblage de la boîte. Mais les choses ont traîné, et j’ai un peu endormi le projet.
En mars 2021, deux de mes correspondantes ont exprimé leur envie d’utiliser Pictoparle pour faciliter la communication avec de possibles utilisatrices. Voilà qui redonne la motivation à améliorer l’outil, en suivant les recommandations identifiées en septembre.
La suite de cet article raconte les améliorations apportées à Pictoparle pendant cette deuxième année.
Amélioration de la fabrique de pictoparle
J’ai commencé par corriger quelques bugs repérés dans la dernière version publiée de la fabrique du pictoparle. En septembre, j’avais ajouté une seconde tablette aux matériels cible, mais je n’avais pas suffisamment testé cet ajout, et un certain nombre de fonctionnalités étaient cassées.
J’ai ensuite ajouté une fonctionnalité évoquée dans l’annonce de la saison 2, et proposée lors d’une discussion avec Jérémy. Lorsqu’on conçoit une planche, on peut exporter au format zip la planche pour l’intégrer à la tablette. Depuis quelques temps, on pouvait recharger dans l’éditeur un zip exporté, mais seule une partie de l’interface était rechargée. C’est maintenant toute l’interface d’édition qui est sauvée, y compris les configurations liées à la tablette, et à la fabrication de la couverture par découpe laser.
Enfin, les fichiers générés par la fabrique de pictoparle contiennent maintenant dans leur nom le modèle de tablette pour laquelle ils ont été conçus, afin d’éviter les erreurs d’étourderie lors de la fabrication du dispositif. J’avais eu une mauvaise expérience en septembre, en me trompant de modèle lors de la génération des fichiers pour la découpe laser de planches.
Amélioration des documents à imprimer
Une partie des documents générés pour la fabrication des planches est au format pdf, l’une des pages imprimable sur papier thermogonflé, l’autre pour impression papier avec le QRcode.
Pendant ce sprint, j’ai amélioré les informations ajoutées à la page destinée au QRcode, afin que le document contienne un maximum d’informations pour en faciliter l’usage. En particulier, il me semblait important d’avoir un maximum d’information imprimées, pour que les utilisateurs puissent tracer au mieux ce qu’ils font.
J’ai aussi modifié les informations affichées sur la page thermogonflée, pour que les voyants aient accès au nom associé à chaque pictogramme sans avoir à déclencher le son. C’est une fonctionnalité qui m’avait été demandée par des accompagnants occasionnels, afin de faciliter l’appropriation de l’outil par une nouvelle équipe.
document prêt à l’impression, contenant une page pour le thermogonflage, et une page pour l’impression du QRcode.
Amélioration des fichiers de découpe de boîte
Quelques corrections ont été apportées suite aux nouvelles expérimentations de découpe réalisées en septembre. Ces tests avaient mis en évidence des erreurs d’alignements de crénelage pour la deuxième tablette introduite, et le besoin d’un mécanisme de détrompage, pour éviter des assemblages erronés.
Afin de faciliter la suite du développement, j’ai également fait un peu de réécriture de code. Cela fait, j’ai introduit des espaces et des chanfreins sur les crénelages pour faciliter l’emboîtage des éléments, l’un des points critiques identifiés au Débrouillo’Lab en septembre.
extrait du patron de découpe généré pour la fabrication de la boîte, avec ses crénelages chanfreinés et de largeur ajustée pour faciliter l’assemblage.
En suivant les autres remarques des beta testeurs du Débrouillo’Lab, j’ai ajouté une numérotation à graver sur chaque pièce, pour faciliter l’assemblage.
capture d’écran du logiciel d’édition de fichiers dxf montrant les numérotations à graver pour faciliter l’assemblage.
J’ai également corrigé quelques détails pour que l’assemblage des planches et de la boîte se passe mieux.
Amélioration de l’application
Lors des essais passés, j’avais à plusieurs reprises remarquer que lorsque les utilisateurs touchaient la tablette avec le bas de la main, tout en utilisant les doigts pour déclencher le son associé à un pictogramme du haut de la planche, les interactions étaient peu fiables. On rencontrait deux situations : soit la tablette devient complètement muette, soit ce sont les pictogrammes du bas de l’écran qui s’activent.
Ces problèmes sont intrinsèques à la technologie utilisée par les tablettes pour détecter les multiples appuis, et sont difficilement solutionnables. J’ai tout de même ajouté un filtre qui ne considère pas les double taps de bas d’écran dans le cas où un doigt touche le haut de l’écran. Ce n’est pas parfait, mais c’est déjà mieux que rien.
Prise en charge d’une nouvelle tablette
Lors de discussions passées, nous avions discuté avec Jérémy de la difficulté d’ajouter de nouvelles tablettes à l’application et à la fabrique. Il fallait en effet modifier plusieurs fichiers, sans que cela ne soit très bien documenté. J’ai donc pris le temps de modifier l’application pour qu’elle puisse intégrer facilement de nouvelles configurations de tablettes, en utilisant le même fichier au format XML que celui utilisé par la fabrique.
Cela m’a permis de rapidement intégrer une nouvelle tablette, qui sera prochainement mise dans les mains d’une nouvelle utilisatrice. L’équipe qui l’accompagne ayant prévu d’utiliser une coque de protection, j’ai également ajouté la possibilité de fabriquer la boîte et les planches en tenant compte de cette coque.
J’ai également amélioré l’ergonomie de l’application pour qu’elle propose au premier démarrage un menu permettant de sélectionner la tablette utilisée, afin d’avoir directement les bons réglages.
interface de fabrication des planches qui intègre la possibilité de décrire une coque spécifique.
J’ai également pris le temps de rédiger une documentation pour faciliter l’installation et la configuration de l’application.
Conclusion
Avec les premiers utilisateurs extérieurs, je serai probablement amené à apporter des améliorations à l’application et aux outils de l’écosystème Pictoparle, afin d’en permettre l’adoption plus aisée. À suivre donc, car nous sommes à l’aube de la troisième saison de développement !