Du bon usage d’un enregistreur

Les logi­ciels pour le mon­tage, c’est bien, mais il faut com­men­cer par enre­gis­trer les choses avant d’en faire une pièce sonore. Cela fait presque trois ans que j’u­ti­lise un enre­gis­treur Tas­cam DR-40. Au fil du temps, j’ai appris à m’en ser­vir, j’ai ajus­té cer­taines choses, et je pro­fite du temps hiver­nal pour en faire une petite syn­thèse ici.

Format de fichier et pré-amplification

J’en­re­gistre tou­jours en wav, avec une pré­ci­sion de 24 bits.

J’ai choi­si d’é­li­mi­ner le mp3, pour plu­sieurs rai­sons. Tout d’a­bord, parce qu’a­vec les grosses cartes mémoire que l’on a aujourd’­hui, on dis­pose de nom­breuses heures d’en­re­gis­tre­ment, avec un for­mat à moins d’un giga­oc­tet à l’heure. Inutile donc de choi­sir un for­mat de com­pres­sion avec perte. L’autre pro­blème du mp3 sur les Tas­cam, c’est que l’u­ti­li­sa­tion du cir­cuit de com­pres­sion pro­duit un bruit numé­rique dans les fichiers, ce qui les rend inutilisables.

Ensuite, j’ai choi­si d’u­ti­li­ser du 24 bits et non du 16 bits afin d’a­voir une bonne pré­ci­sion quand le son est faible. Ain­si, je sol­li­cite le moins pos­sible le pré-ampli de l’en­re­gis­treur, géné­ra­le­ment entre ‑18 et ‑8 dB, sans avoir de pro­blème au moment de la normalisation.

D’autre part, j’en­re­gistre avec un échan­tillon­nage de 44.1 kHz si je fais du son pour la radio, et en 48 kHz si je fais du son pour l’i­mage, car ce sont les stan­dards pra­ti­qués dans cha­cun de ces domaines, et que sinon, cela impose un rééchan­tillon­nage qui peut être source de bruits parasites.

Si vous vou­lez en lire plus au sujet de la numé­ri­sa­tion du son, je vous invite à lire l’ar­ticle son et mathé­ma­tiques que j’ai écrit il y a peu.

Micros externes et FetHead

Je prends tou­jours soin d’u­ti­li­ser un micro qui cor­res­ponde à mes besoins :

  • Les micros internes du zoom quand je veux faire une prise d’am­biance, ou que je veux enre­gis­trer rapi­de­ment une voix, tout en sachant que l’en­vi­ron­ne­ment sera aus­si capté.
  • Un micro omni­di­rec­tion­nel dyna­mique (comme un Senn­hei­ser MD-21 ou un LEM DO 21 B, ces incon­tour­nables micros de repor­tage), quand je veux prendre une belle voix, et gar­der un peu de l’am­biance autour, par exemple en manifestation.
  • Un micro car­dioïde dyna­mique (le fameux Shure SM58, ou un peu moins cher le AKG D5), de ces micros que l’on uti­lise sur scène pour la voix, quand il s’a­git de prendre juste une voix, ou une source ponc­tuelle, et évi­ter de cap­ter tous les sons de l’environnement.
  • Un micro car­dioïde sta­tique large mem­brane (j’u­ti­lise pour ma part le nou­vel­le­ment arri­vé Aston Ori­gin), quand il s’a­git de faire une prise de son très pré­cise, dans un envi­ron­ne­ment maî­tri­sé comme une cabine d’en­re­gis­tre­ment (j’u­ti­lise mon dres­sing pour cela).
  • Une paire ORTF sta­tique (pour ne pas cas­ser sa tire­lire, on peut choi­sir par exemple un super­lux S502) pour une prise sté­réo avec une belle pré­ci­sion, comme un pay­sage sonore par exemple.

Si j’u­ti­lise un micro externe, je ne manque pas d’u­ti­li­ser des pré-ampli FetHead, qui (on ne le répète jamais assez) per­mettent d’ob­te­nir un son d’une qua­li­té qua­si irré­pro­chable, même avec un petit enre­gis­treur comme le DR-40. Si vous n’êtes pas convain­cus, lisez l’ar­ticle que j’a­vais écrit à ce sujet…

Bonnettes, filtres anti-pop et positionnement du micro

Il faut aus­si bien sûr équi­per ses micros des filtres néces­saires pour évi­ter les bruits para­sites : le souffle du vent, les plo­sives d’un locuteur.

Pour le vent, on peut très faci­le­ment confec­tion­ner des bon­nettes anti-vent avec du tis­su à poil, du moment que le sup­port soit fin.

Pour les plo­sives, il faut s’a­dap­ter à la situa­tion. Les plo­sives, ce sont ces consonnes « p », « t », et les autres « f » qui pro­duisent en sor­tie de bouche des petites pous­sées d’air très rapides. Si la bouche est exac­te­ment en face du micro, l’air va venir écra­ser la mem­brane du micro, et pro­duire un son très satu­ré. La pre­mière pré­cau­tion consiste donc à tour­ner le micro, de sorte qu’il pointe bien la bouche du locu­teur, mais de façon à ce que l’air ne l’at­teigne pas. On met donc le micro légè­re­ment de côté. Atten­tion cepen­dant à ne pas viser depuis le haut ou depuis le bas, car le son de la voix change alors, deve­nant par exemple plus nasillard.

Bien sûr, cela ne suf­fit pas tou­jours, et il on en vient vite à uti­li­ser une bon­nette anti-pop faite en mousse pour l’ex­té­rieur, ou un filtre anti-pop pour le stu­dio. Pour ma part, j’ai choi­si un filtre anti-pop en métal, car il se lave faci­le­ment, est plus solide que la ver­sion en tis­su, et fait très bien le job.

Amortissements

Si on uti­lise les micros internes, il faut s’as­su­rer de ne pas mani­pu­ler l’en­re­gis­treur, faute de quoi le contact des mains sur le plas­tique pro­dui­ra des sons para­sites (moins qu’a­vec le Zoom H4n, mais pas mal quand même). Une solu­tion simple consiste à poser l’en­re­gis­treur, et à ne plus y tou­cher. J’u­ti­lise pour cela dif­fé­rentes solutions.

Tout d’a­bord, il y a le petit sup­port en caou­tchouc four­ni par le fabri­cant, qui se loge dans la petite trappe des piles, et se fixe dans le pas de vis, afin de poser l’en­re­gis­treur hori­zon­ta­le­ment. J’ai mis du temps à décou­vrir où le ran­ger, heu­reu­se­ment que Théo était là pour me le dire.

Il y a ensuite la solu­tion d’un tré­pied d’ap­pa­reil pho­to, les­quels sont com­pa­tibles avec le pas de vis situé der­rière l’en­re­gis­treur. Pour ma part, j’u­ti­lise un tré­pied qui peut aus­si se fixer comme un serre-joint. Très pratique.

Et puis par­fois, on aime­rait faire tenir l’en­re­gis­treur ver­ti­ca­le­ment. Mal­heu­reu­se­ment, dans sa ver­sion sor­tie d’u­sine, impos­sible de réus­sir cette prouesse, car les prises XLR sont équi­pées d’une petite lan­guette de métal qui casse la sta­bi­li­té. Mais on peut faci­le­ment résoudre le pro­blème à l’aide de deux butées auto­col­lantes. J’ai trou­vé les miennes dans un maga­sin de bri­co­lage, elles doivent faire 3mm de haut, et sta­bi­lisent com­plè­te­ment l’appareil.

Kit main libre

Quand on uti­lise un micro exté­rieur, on a vite les main encom­brées : enre­gis­treur d’un côté, micro de l’autre. Mais puisque l’en­re­gis­treur ne sert pas de micro, on peut très bien le lâcher ! J’ai récem­ment trou­vé une solu­tion plu­tôt confor­table : une petite boucle en métal, que l’on peut fixer sur le pas de vis au dos de l’en­re­gis­treur, et un mous­que­ton, afin de sus­pendre l’en­re­gis­treur, et ain­si se libé­rer une main. Une affaire qui roule !