Maquette interactive

Uto­pie Sonore, c’est une rési­dence col­lec­tive, où plus de 100 curieux du son se réunissent pen­dant quelques jours de la fin d’août à la cour des Aul­nays pour vivre ensemble, créer ensemble, s’ap­prendre, échan­ger. C’est mon bol d’air esti­val. Et quand on a pro­po­sé d’i­ma­gi­ner une res­ti­tu­tion de la ren­contre 2017 au fes­ti­val Bruits, j’ai eu très envie de m’y plon­ger à fond.

J’aime l’i­dée de pla­cer le son dans l’es­pace. À grande échelle, mais aus­si en minia­ture. C’est ce qui a moti­vé la créa­tion de cette maquette inter­ac­tive : fabri­quer un objet à l’i­mage de la cour des Aul­nays, et per­mettre aux audi­teurs de s’ap­pro­prier l’es­pace, de décou­vrir où nous avons pro­duit les sons, com­ment nous avons vécu cette paren­thèse utopique.

Je vou­lais la maquette d’une taille A0, en relief, acces­sible aux défi­cients visuels, facile à mani­pu­ler, et per­met­tant de déclen­cher des sons à l’aide de bou­tons, afin d’é­cou­ter à la fois les sons pro­duits sur place, mais éga­le­ment d’en­tendre quelques cap­ta­tions sau­vages de l’é­vé­ne­ment. 2 semaines avant Bruits, je me suis donc lan­cé dans un sprint de réalisation.

Informatique

Ini­tia­le­ment, j’en­vi­sa­geais de per­mettre à l’au­di­teur la super­po­si­tion de sons. Il fal­lait pou­voir jouer plu­sieurs fichiers en même temps. J’ai donc opté pour un nano-ordi­na­teur rasp­ber­ry pi, facile à pro­gram­mer, facile à câbler, consom­mant peu.

J’ai rapi­de­ment pro­to­ty­pé un logi­ciel en python, pour mettre en place l’en­semble des idées : des bou­tons pour déclen­cher et stop­per les sons, un bou­ton stop géné­ral… Pen­dant les essais, j’ai tout de même consta­té que l’é­mu­la­tion de l’exé­cu­tion en paral­lèle de python était un peu légère pour lan­cer plu­sieurs sons en paral­lèle. J’en­vi­sage de pro­chai­ne­ment retra­vailler le code source afin de per­mettre une plus grande inter­ac­tion. Dans la ver­sion qui a été pré­sen­tée, le déclen­che­ment d’un son stop­pait les autres.

Le code source du pro­jet est dis­po­nible sur github, il évo­lue­ra donc ces temps pro­chains, mais on y retrouve les grandes idées de ce que je vou­lais faire.

Électronique

Je ne vou­lais pas sou­der de câbles sur le rasp­ber­ry pi. J’ai donc cher­ché un peu, et pen­ché pour de la récup” de nappes d’or­di­na­teurs. Je pen­sais ini­tia­le­ment uti­li­ser une nappe IDE 40 pins. Mais il ne faut pas ! En effet, 7 broches sont connec­tées à l’in­té­rieur de ces nappes, ce qui peut pro­vo­quer un court-cir­cuit dans le rasp­ber­ry, connec­tant des pins qui ne devraient pas l’être. J’ai fina­le­ment opté pour une nappe 34 broches, pré­vue pour les lec­teurs disquettes.

Après avoir sou­dé à chaque fil de la nappe un court fil plus épais, j’ai uti­li­sé des domi­nos pour faci­li­ter l’as­sem­blage du reste du câblage. J’ai sou­dé sur chaque bou­ton deux fils, que j’ai ensuite relié d’une part à un pin GPIO, et d’autre part au pin de la masse.

Lorsque le bou­ton n’est pas pres­sé, l’or­di­na­teur lit une ten­sion de 3.3V. Lorsque le bou­ton est pres­sé, une résis­tance interne au rasp­ber­ry annule la ten­sion de 3.3V, et le bou­ton est donc à la masse. Pour avoir ce com­por­te­ment en interne, il ne faut pas oublier de décla­rer un réglage pull-up dans le code python. L’autre alter­na­tive est d’uti­li­ser une résis­tance connec­tée au 3.3V en plus des deux autres câblages. J’ai opté pour le plus simple.

Modélisation

L’é­tape d’a­près à consis­té à modé­li­ser en 3D la cour des Aul­nays. Je suis par­ti de plans d’ar­chi­tectes, de vues aériennes et de mes sou­ve­nirs pour construire une scène 3D sim­pli­fiée de la cour, grâce à blen­der. Une fois la struc­ture vali­dée, j’ai repris la modé­li­sa­tion en n’as­sem­blant que des petits plans d’une épais­seur de 3mm, afin de pré­pa­rer la découpe puis l’as­sem­blage. J’ai pré­vu des assem­blages par lan­guettes au niveau des fon­da­tions, et de quelques endroits stra­té­giques, comme la tour et les tourelles.

Découpage

J’ai ensuite réa­li­sé à la main la mise à plat de cha­cune de ces planches, afin de m’as­su­rer de la cohé­rence de l’en­semble. Après un export sous forme de maillages, j’ai uti­li­sé slic3r pour expor­ter le maillage en coupes au for­mat SVG. J’ai alors assem­blé le tout, je l’ai enri­chi de quelques élé­ments sup­plé­men­taires, puis j’ai expor­té le tout au for­mat DXF.

La décou­peuse laser de SIG­Make m’a une nou­velle fois ser­vi. J’ai dû tout de même opti­mi­ser soi­gneu­se­ment le pla­ce­ment de mes découpes, car il me res­tait assez peu de medium 3mm…

Assemblage

Enfin est arri­vé le moment de l’as­sem­blage : véri­fier que tout s’as­semble cor­rec­te­ment (j’ai juste eu à pon­cer une ouver­ture, mais tout le reste fonc­tion­nait), câblage, puis col­lage de l’ensemble.

Afin d’as­su­rer une plus longue espé­rance de vie à la maquette, je l’ai ver­nie. Bon, une couche suf­fit. J’ai éga­le­ment retou­ché un peu cer­tains champs avec un feutre Faber-Cas­tell sepia B, pour retrou­ver la cou­leur du bois brû­lé, lorsque j’a­vais un peu pon­cé les arêtes.

Les der­nières étapes ont consis­té à éclai­ré l’in­té­rieur grâce à une guir­lande (mer­ci Lise !) fau­fi­lée par les trappes sous les bâti­ments, et à pla­cer des éti­quettes braille et en noir indi­quant le nom des dif­fé­rents lieux uti­li­sés pen­dant Uto­pie Sonore.

À Bruits#2

La maquette est arri­vée sans heurt à Pol’N, où se dérou­lait le fes­ti­val Bruits.

Les audi­teurs se sont très vite appro­priés la maquette, mal­gré quelques défauts qu’il me fau­dra régler avant la pro­chaine pré­sen­ta­tion : un gré­sille­ment constant, peut-être lié au pré-ampli qui satu­rait ou aux casques uti­li­sés ; une durée de pres­sion des bou­tons mal réglée. Et puis j’ai­me­rais régler ce pro­blème d’exé­cu­tion en paral­lèle, pour pou­voir lan­cer plu­sieurs sons simultanés.

La suite au pro­chain épisode !