Création sonore : quelques lectures

Depuis cet été, j’ai com­men­cé à col­lec­ter quelques lec­tures pour ali­men­ter mes réflexions sur la créa­tion sonore telle qu’elle est envi­sa­gée à la radio. Je vous pro­pose un tour d’ho­ri­zon de mes décou­vertes récentes, cer­taines trou­vées au hasard des pro­me­nades chez les bou­qui­nistes, d’autres pro­po­sées lors de dis­cus­sions avec des pas­sion­nés du son, et d’autres encore déni­chées grâce à l’internet.

quelques livres sur le son

Mais d’a­bord, il faut bien dire que créa­tion sonore, c’est un terme bien vaste. Sui­vant qui le dit, et d’où il parle, ça peut vou­loir dire : docu­men­taire, inter­view, repor­tage, musique concrète, contem­po­raine, brui­tage, théâtre enre­gis­tré, voire même musique actuelle ! C’est par­fois le pro­pos qui défi­nit l’ob­jet radio­pho­nique comme créa­tion sonore, par­fois l’in­ten­tion dans le choix des tech­niques, par­fois le pro­cé­dé de construc­tion, d’as­sem­blage, ou même le pro­cé­dé de diffusion.

Alors évi­dem­ment, les livres qui ont rete­nu mon atten­tion ces der­niers mois ne couvrent pas tout le spectre, c’est le début d’un rayon de ma biblio­thèque per­son­nelle que j’es­père étof­fer au fil du temps, et qui répond mon début de col­lec­tion des moyens de cap­ta­tion, à l’a­morce de banque de son qui s’ins­talle tran­quille­ment sur mon disque dur, à la pano­plie de logi­ciels de trai­te­ment de son que j’ap­prends à uti­li­ser petit à petit… Je sais qu’il manque des choses pour cou­vrir rai­son­na­ble­ment le spectre : par exemple, je n’ai pas encore trou­vé d’ou­vrage sur le son vu par un acous­ti­cien, sur les dif­fé­rentes formes d’in­ter­view radio­pho­niques, sur la com­po­si­tion de musique de film, sur l’his­toire de la radio du point de vue de ceux qui l’ont faite…

Pour une écriture du son, Daniel Deshays (2006)

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C’est l’un des livres dans lequel j’ai pris conscience du plus de choses sur la fabri­ca­tion d’ob­jets sonores. Daniel Deshays a construit la bande-son de nom­breuses pièces de théâtre et de films, il est res­pon­sable de l’en­sei­gne­ment du son à l’École natio­nale supé­rieure des arts et tech­niques du théâtre. Dans ce bou­quin, on prend conscience de la spé­ci­fi­ci­té du son par rap­port à l’i­mage, on com­prend l’é­coute comme accès ins­tan­ta­née sans vue glo­bale, on conçoit le son comme incar­nant le geste plu­tôt que l’ob­jet, on com­prend pour­quoi il faut recons­truire l’am­biance sonore que l’on veut rendre plu­tôt que de l’en­re­gis­trer d’un bloc…

On peut aus­si regar­der une de ses confé­rences récentes qui s’a­dresse là un peu plus aux gens du ciné­ma, et donc plus aux fai­seurs d’i­mages. Mais on y com­prend quand même pas mal de choses.

Le son, traité d’acoulogie, Michel Chion (2000)

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Celui-là, je viens de le récu­pé­rer, je l’ai com­man­dé grâce à chez mon libraire, le site qui per­met de trou­ver un livre chez les libraires près de chez soi, ou de les commander.

Michel Chion est un com­po­si­teur de musique concrète. De ce que j’ai vu pour l’ins­tant, son livre est très acces­sible, qui aborde notam­ment la ques­tion de l’é­coute, de ce qu’est le bruit au regard de la musique, il ques­tionne la place des ins­tru­ments élec­tro­niques face à ceux dit acous­tiques. Il décrit et étend les réflexions de Pierre Schaef­fer.

Dictionnaire de la radio, Robert Prot (1997)

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C’est un dic­tion­naire au sens pre­mier du terme, qui com­mence avec Aber­gel (Jacques), et fini avec Zur­fluh (Éliane). C’est un dic­tion­naire qui s’in­té­resse plu­tôt à la radio du point de vue de l’au­di­teur : peu de choses au sujet des élé­ments qui com­posent une émis­sion (pas d’en­trée pour conduc­teur par exemple), mais beau­coup d’in­for­ma­tions sur les acteurs de la radio, depuis les débuts jus­qu’à 1997. La radio fran­co­phone, prin­ci­pa­le­ment en France, avec les repor­ters, créa­teurs radio­pho­niques, res­pon­sables d’é­mis­sions. Les émis­sions impor­tantes ont aus­si leur entrée. En pre­mière par­tie, un texte d’une tren­taine de pages retrace l’his­toire de la radio, depuis les bal­bu­tie­ments tech­niques jus­qu’à la RNT.

Le guide de la voix, Yves Ormezzano (2000)

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Le doc­teur Yves Ormez­za­no est ORL-pho­niatre. C’est un doc­teur de la voix. En près de 500 pages, avec un ton très acces­sible, il vul­ga­rise pour le lec­teur non expert toutes les ques­tions liées à la voix : l’a­na­to­mie, les méca­nismes de pro­duc­tion de la voix, les mala­dies, les risques asso­ciés à la pra­tique. Il s’a­dresse aux chan­teurs, acteurs, gens de radio, ensei­gnants, à tout ceux qui tra­vaillent avec leur voix. Plein de choses inté­res­santes, qui aident à com­prendre des com­ment tra­vailler la voix : le méca­nisme lourd et le méca­nisme léger, la varia­tion de la voix au fil de la jour­née, de la vie, la manière de se pla­cer pour bien exploi­ter sa voix… Voi­là une réfé­rence inté­res­sante, car la voix est un élé­ment impor­tant de la créa­tion sonore.

Guide de la théorie de la musique, Claude Abromont et Eugène de Montalembert (2001)

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Ce guide per­met à un néo­phyte comme moi d’a­voir les points d’en­trée théo­riques sur ce qu’est la musique, depuis la construc­tion des notes jus­qu’à l’é­cri­ture musi­cale, en pas­sant par les concepts de rythmes, durées, tona­li­tés, accords, etc. J’aime par­ti­cu­liè­re­ment l’ap­proche scien­ti­fique de la construc­tion du livre, qui fait écho à l’as­pect très scien­ti­fique de la construc­tion de la musique.

Musiques contemporaines, perspectives analytiques, 1950–1985, Jean-Yves Bosseur et Pierre Michel (2007)

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Il y a quelques années, j’ai eu l’oc­ca­sion d’in­ter­vie­wer Jean-Yves Bos­seur lors de son pas­sage à Cler­mont-Fer­rand pour le fes­ti­val Musiques Déme­su­rées. Direc­teur de recherche CNRS et com­po­si­teur, il avait par­lé à mon micro de l’é­cri­ture de la musique… Le livre pro­po­sé ici par­court trente œuvres cen­trales dans l’his­toire de la musique contem­po­raine, et pour cha­cune d’elles pro­pose quelques élé­ments de la par­ti­tion, et détaille l’ob­jet de la pièce. Un peu loin de la créa­tion sonore, il consti­tue tout de même des élé­ments de réflexions sur les ques­tions de rythme, de struc­ture, d’é­cri­ture et de composition.

Les fous du son, Laurent de Wilde (2016)

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Il y a quelques mois, j’a­vais par­lé ici de ce livre, dans un billet consa­cré à la musique élec­tro­nique. Avant de lire ce livre, j’a­vais du mal à com­prendre ce qu’é­tait un syn­thé­ti­seur, pour­quoi c’é­tait un ins­tru­ment inté­res­sant, ce qu’il per­met­tait de pro­duire… Main­te­nant, j’en ai un peu moins peur, jus­qu’à l’in­té­grer dans une créa­tion sonore récente.

Et après…

Évi­dem­ment, lire c’est impor­tant, mais il faut écou­ter aus­si, et faire.

Suite aux conseils de plu­sieurs amies, je suis en train d’é­cou­ter Grande tra­ver­sée : Women’s power, les nou­veaux fémi­nismes, une série pro­po­sée cet été par Char­lotte Bie­nai­mé. Plus loin dans le spectre, j’é­coute aus­si beau­coup Radio Mulot, une radio nan­taise, mani­feste poé­tique. Beau­coup de belles pro­po­si­tions. On peut aus­si aller fure­ter sur le perce-oreilles, un site qui agrège plein de contenus…

En ce moment, je suis en train de réa­li­ser le deuxième volet d’Inter­face, une fic­tion radio­pho­nique avec ma fille, et je com­men­ce­rai bien­tôt l’ha­billage de Sen­sa­tion, la nou­velle émis­sion que je com­mence cette année avec Lise et Cécile. Que du bon !

Et puis je pré­pare avec une grande assi­dui­té l’a­te­lier que je vais co-ani­mer cette année avec les gens de Radio Cam­pus, pour le Ser­vice Uni­ver­si­té Culture : l’a­te­lier balade sonore, avec un bel objec­tif de créa­tion sonore… Res­tez connectés !

Édit : la suite des lec­tures sur la créa­tion sonore, quelques semaines plus tard, à lire sur créa­tion sonore : conti­nuons à lire.

Régler le pré-ampli de son enregistreur

Il y a eu un bon paquet de dis­cus­sions tech­niques à Uto­pie Sonore, notam­ment avec Serge aka Blast. L’une de nos dis­cus­sions a por­té sur la qua­li­té des pré-ampli dans les appa­reils tels que le zoom H4n ou le Tas­cam DR40. Pour peu qu’on le couple avec un micro dyna­mique un peu vieux tel que le seinn­hei­ser MD 21, on se retrouve très vite avec du souffle (aus­si appe­lé bruit). Un léger para­site qui empêche d’en­tendre le silence, et qui nuit sou­vent à l’es­thé­tique de la prise de son.

bruit

Par­mi les pistes évo­quées pen­dant nos dis­cus­sions pour réduire ce souffle, deux sem­blaient intéressantes.

La stratégie du pré pré-ampli

La pre­mière consiste à uti­li­ser un pré pré-ampli. Oui, ça fait bizarre comme ça, mais l’i­dée consiste à pla­cer avant l’en­re­gis­treur un petit ampli­fi­ca­teur tel que le FetHead Tri­to­nau­dio ou le Cloud­lif­ter CL‑1, qui ampli­fient de 22dB le signal en uti­li­sant l’a­li­men­ta­tion fan­tôme de l’en­re­gis­treur, et semblent être très plats. l’i­dée est d’é­vi­ter de trop sol­li­ci­ter le pré-ampli en le lais­sant dans sa zone « de confort ». On ren­contre sur inter­net quelques sites inter­net qui évoquent cette idée. Bon, mais c’est un petit inves­tis­se­ment, alors n’y a‑t-il pas autre chose de plus simple à faire ?

La stratégie du ‑12dB

La description

Tou­jours d’a­près Serge, l’af­fi­chage des niveaux sur les enre­gis­treurs numé­riques ne repré­sente pas réel­le­ment le niveau tel qu’on l’en­tend en ana­lo­gique (c’est-à-dire n’est pas un VU-mètre), mais serait plu­tôt un Qua­si PPM, qui sui­vant les normes aurait l’é­qui­valent du zéro ana­lo­gique plus proche du niveau de test, c’est-à-dire aux alen­tours de ‑12dB (voire plus bas d’a­près Serge). Au delà de cette valeur, les pré-ampli de ces petits appa­reils seraient sur-exploités.

Une piste pour réduire le souffle serait donc de ne pas pous­ser l’en­re­gis­treur jus­qu’à 0dB, mais plu­tôt de le faire pla­fon­ner à ‑12dB, tout en enre­gis­trant avec une qua­li­té numé­rique éle­vée (wav à 24 bits). Il suf­fi­rait ensuite d’u­ti­li­ser une nor­ma­li­sa­tion numé­rique afin de retrou­ver un niveau de voix cor­recte, sans pour autant perdre trop de détails. Pen­dant les dis­cus­sions, on a tout de même évo­qué le pro­blème du casque de moni­to­ring, qui devient qua­si­ment inuti­li­sable, car le son enre­gis­tré est très faible. Là encore, la sug­ges­tion serait d’u­ti­li­ser un casque avec une faible impé­dance, comme un casque de smartphone…

Les tests

Je me suis dit que c’é­tait quelque chose de facile à tes­ter. Il suf­fit en effet de faire deux enre­gis­tre­ments dis­tincts (l’un à 0dB, l’autre à ‑12dB), puis de com­pa­rer les deux. Dans l’i­déal, on devrait enre­gis­trer exac­te­ment la même chose pour faci­li­ter la com­pa­rai­son. Alors j’ai pris mon enre­gis­treur et mon micro, je les ai ins­tal­lés face à une enceinte de moni­to­ring, et j’ai joué deux fois de suite le même son…

J’ai alors récu­pé­ré les deux sons, puis je les ai nor­ma­li­sés, et j’ai ensuite écou­té et regar­dé le spectre des deux enre­gis­tre­ments pour ten­ter de les différencier.

normalisation préampli_captation -2dB.wavnormalisation préampli_captation -18dB.wav

Spectres des enre­gis­tre­ments à comparer

Dans l’ordre : avec le pré-ampli à ‑2dB, avec le pré-ampli à ‑18dB

Les spec­tro­grammes ne per­mettent pas de dif­fé­ren­cier les deux enre­gis­tre­ments… Je mets ici aus­si pour com­pa­rai­son les deux fichiers (conver­tis en mp3) pour une com­pa­rai­son à l’oreille :


À l’o­reille aus­si, il est dif­fi­cile de dis­tin­guer les deux enre­gis­tre­ments. En conclu­sion, la dif­fé­rence entre les deux enre­gis­tre­ments n’a pas été per­cep­tible dans mon cas de test. Peut-être est-ce dû au bruit ambiant (les enceintes ont un tout petit souffle). À rées­sayer dans d’autres condi­tions donc, peut-être avec une voix en direct…

La présidentielle n’aura pas lieu

Il y a quelques jours, nous étions à Uto­pie Sonore avec Noé­mie et Théo de Radio Cam­pus. Pen­dant cette ren­contre, les orga­ni­sa­teurs avaient pré­vu des dis­cus­sions et des échanges, mais aus­si pré­pa­ré quelques défis à la créa­tion. C’est ain­si qu’en arri­vant nous avons décou­vert l’in­vi­ta­tion à créa­tion inti­tu­lée la pré­si­den­tielle n’au­ra pas lieu, qu’ils décri­vaient ainsi :

Sous ce titre et en échos à la pro­po­si­tion lit­té­raire de Lun­di Matin, construire de petites cap­sules fic­tion­nelles, d’anticipation, dis­cur­sives ou juste vénères. En matières préa­lables, vous dis­po­sez des rushes des par­ti­ci­pants ayant enre­gis­tré pen­dant le mou­ve­ment du prin­temps. Les fichiers-matière sont courts (quinze minutes maxi­mum) et expli­ci­te­ment nom­més.
Les cap­sules pré­si­den­tielles ne devront idéa­le­ment pas dépas­ser les dix minutes. En fin de réa­li­sa­tion, elles seront notam­ment pro­po­sées à Radio Cayenne pour une dif­fu­sion Place du Bouf­fay, à Nantes (pen­dant l’Université d’été des luttes).

Proposition initiale

Le top départ a été lan­cé 24 heures avant la res­ti­tu­tion, mais nous étions tous tel­le­ment pris dans les ate­liers et ren­contres que c’est quelques heures avant l’heure fati­dique que nous nous sommes lan­cés dans la créa­tion. Noé­mie a tra­vaillé de son côté avec une amie pour réa­li­ser sa réponse à la contrainte.

Microkorg

Avec Théo, nous avons aus­si déci­dé de répondre à l’ap­pel. Dès le début, nous avions envie de pla­cer notre créa­tion en contre­point de la contrainte. Nous n’a­vons donc pas uti­li­sé la banque de sons pro­po­sée, mais avons plu­tôt pris du temps pour construire nos propres sons, en enre­gis­trant dif­fé­rentes tex­tures et matières. Nous avons bien sûr inté­gré le for­mi­dable lar­sen micro-contact dans notre créa­tion, mais c’est je crois la décou­verte d’un Micro­KORG qui a le plus ali­men­té notre créa­tion. Ajou­tez à ça un micro seinn­hei­ser MD 21 satu­ré à outrance, et notre com­po­si­tion était prête.

Dans notre pro­po­si­tion, l’é­tat d’ur­gence est gui­dé par des inté­rêts finan­ciers, et les citoyens sont invi­tés à mar­cher au pas, à se goin­frer de frivolité.

(télé­char­ger la ver­sion stu­dio)

Le soir même, cette pièce de 2mn21 a été dif­fu­sée en intro­duc­tion des autres pro­po­si­tions. L’o­ri­gi­na­li­té de sa forme réson­nait comme un géné­rique de début à cette série de diffusions.

Version live

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Et puis le len­de­main matin, pen­dant le petit déjeu­ner, on réflé­chis­sait avec Théo à ce que nous allions pro­po­ser à l’an­tenne de Radio Fri­ture. Il n’a pas fal­lut attendre long­temps pour que l’on se décide à rejouer la pièce en live, avec le Micro­KORG et le seinn­hei­ser MD 21 pour les sons en direct, et un contrô­leur midi pour rejouer les sons enregistrés.

Il faut dire que les copains de Fri­ture sont des gens bien gen­tils, parce qu’ils ont tout de suite accep­té notre pro­po­si­tion. On a donc pas­sé une ou deux heures à pré­pa­rer nos outils et à révi­ser notre set. On avait tout de même pré­vu une par­ti­tion pour ne pas par­tir dans tous les sens…

Au final, on a un peu fait évo­luer la pièce pour le live, et on l’a un peu ral­lon­gée, mais l’es­prit est res­té le même, et on s’est vrai­ment éclatés !

(télé­char­ger le live)

presidentielle

Mes projets radiophoniques

Je pro­fite de ce billet pour glis­ser un lien vers le site où je regroupe toutes mes créa­tions radio­pho­niques. On y retrouve notam­ment notre ver­sion de la pré­si­den­tielle n’au­ra pas lieu, dans ses deux versions.

Fabriquer son micro contact

En arri­vant à Uto­pie Sonore, j’a­vais dans mes valises un peu de maté­riel, pour impro­vi­ser des ate­liers autour du fait main et de l’ex­pé­ri­men­ta­tion. Je ne savais pas si ça allait inté­res­ser des gens, alors je n’a­vais rien annon­cé en amont de l’é­vé­ne­ment. Pen­dant la réunion de pré­sen­ta­tion, j’ai tout de même évo­qué les deux idées que j’ap­por­tais : la réa­li­sa­tion de bon­nettes de micro, et l’ex­pé­ri­men­ta­tion autour de micro contacts, ou disques pié­zo-élec­triques.

Et bien il faut le dire, les deux ate­liers ont plu­tôt bien mar­ché : j’ai écou­lé tout mon stock de tis­su, et au moins 8 par­ti­ci­pants sont repar­tis avec des bonnettes.

fabrication de bonnettes
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Les bon­nettes, j’en avais déjà fait, mais jouer avec un micro contact, c’é­tait la pre­mière fois. Pour faire simple, il s’a­git d’u­ti­li­ser un petit disque d’un maté­riau un peu spé­cial, qui trans­forme les vibra­tions en cou­rant élec­trique. En col­lant la pas­tille sur une sur­face, on récu­père donc ses vibra­tions, et on en fait du son. Un jouet idéal pour bidouilleurs de son, d’au­tant que ça coûte moins d’un euro !

Et pour com­plé­ter cette pre­mière idée, une par­ti­ci­pante d’U­to­pie Sonore a évo­qué dans sa pré­sen­ta­tion l’en­ceinte qu’elle avait ame­née : une enceinte sans mem­brane, mais qui trans­forme n’im­porte quel objet en un haut-par­leur.

Rock R2

Et comme j’é­tais avec Théo, le bidouilleur fou de Radio Cam­pus Cler­mont-Fer­rand, on s’est très vite deman­dés : peut-on faire un lar­sen avec un micro contact et une enceinte de son par vibra­tion ? Il ne fal­lait pas plus pour ini­tier un ate­lier improvisé…

soudure

Nous avons donc démar­ré un ate­lier sou­dure, pour assem­bler une prise XLR, un câble blin­dé audio et un contact pié­zo­élec­trique. Après quelques bri­co­lages, et à l’aide d’un enre­gis­treur, nous avons ain­si assem­blé l’en­ceinte et le micro-contact, puis nous nous sommes pré­ci­pi­tés sur la cuve métal­lique aban­don­née der­rière la mai­son de Gene­viève… Et nous avons obte­nu très vite la réponse : oui, on peut faire un lar­sen avec ce mon­tage ! Et il est beau en plus ! L’en­re­gis­treur que nous avons uti­li­sé a quelques pro­blèmes de para­sites dans la prise, donc le son n’est pas pur, mais je vous laisse tout de même y jeter une oreille…

Ce qui est par­ti­cu­liè­re­ment amu­sant avec ce lar­sen, c’est que même si on approche émet­teur et récep­teur, il ne part pas dans des niveaux de volumes à tout cas­ser : il reste stable… On peut donc jouer très faci­le­ment avec !

On était tel­le­ment fiers de notre per­for­mance qu’on est allés le racon­ter au micro de Radio Fri­ture, une super radio iti­né­rante qui a posé ses micros à Uto­pie Sonore pen­dant tout le week-end. On leur a même refait un lar­sen en direct en uti­li­sant une petite boîte en métal comme caisse de résonance…

Radio Cousue Main

Le week-end der­nier, c’é­tait Uto­pie Sonore. J’ar­rive tout juste à m’en remettre en repre­nant une vie normale.

Le pre­mier ate­lier auquel j’ai par­ti­ci­pé, c’est celui pro­po­sé par les gens de l’é­mis­sion Radio Cou­sue Main. Le prin­cipe est simple : un unique micro mono, et plein de gens, vous avez vingt minutes. L’é­quipe qui réa­lise l’é­mis­sion orga­nise régu­liè­re­ment des per­for­mances où ils accueillent des néo­phytes comme nous l’é­tions au début du week-end. Ils nous ont donc fait pra­ti­quer quelques tech­niques, obser­ver et consta­ter que l’on pou­vait jouer avec la dis­tance pour créer des plans dif­fé­rents, tra­vailler des tex­tures sonores, uti­li­ser une direc­tion à la manière d’un chef d’or­chestre, ou encore jouer avec le silence. Bref, tout ce qu’on fait à la radio ou avec un logi­ciel de mon­tage, mais en direct, et sans aucun appa­reil élec­trique (excep­té le micro).

Pen­dant deux périodes de deux heures, nous avons donc expé­ri­men­té, en sépa­rant le groupe de trente en plu­sieurs petits groupes, les uns devant le micro, les autres devant l’en­ceinte de restitution…

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Et puis petit à petit une pro­po­si­tion s’est cris­tal­li­sée, et le soir de la repré­sen­ta­tion, nous étions prêts. Un enre­gis­teur traî­nait dans un coin, l’oc­ca­sion pour vous d’é­cou­ter la per­for­mance, qui com­por­tait aus­si un aspect de mise en scène, dif­fi­ci­le­ment per­cep­tible ici.


(télé­char­ger la per­for­mance)

Nor­ma­le­ment, vous m’a­vez recon­nu dans le solo de la goutte d’eau, mais je ne joue pas que ça, hein !

Utopie Sonore 2016

Le week-end der­nier, nous avons pris la route avec Noé­mie et Théo en direc­tion du Maine-et-Loire pour par­ti­ci­per à Uto­pie Sonore, un ras­sem­ble­ment pro­po­sé par le col­lec­tif Brui­ta­gène. Pen­dant ces trois jours, nous avons ren­con­tré près de cent fon­dus de créa­tion radiophonique.

Utopie Sonore

Ces trois jours ont été abso­lu­ment for­mi­dables. Tous les ingré­dients d’un évé­ne­ment réus­si étaient réunis.

Tout d’a­bord, un lieu for­mi­dable, la Cour des Aul­nays, où Gene­viève insuffle une séré­ni­té et une proxi­mi­té à la nature et aux ani­maux. On aime vivre au rythme de cet ancienne métai­rie, prendre le temps de flâ­ner autour du lac, aller enre­gis­trer le cri des poules et du cochon, tou­cher les vieilles pierres, mar­cher pied nu sur les sols bat­tus, prendre son temps dans les anciennes étables, au frais…

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Il y a eu bien sûr une équipe orga­ni­sa­trice au top, qui mal­gré l’afflux de par­ti­ci­pants (90 per­sonnes au lieu des 50 pré­vues ini­tia­le­ment) a su orga­ni­ser les choses et invi­ter les par­ti­ci­pants à mettre la main à l’ou­vrage : toi­lettes sèches, douches à l’eau du puits avec une superbe logis­tique d’a­li­men­ta­tion, des repas végé­ta­riens pour res­pec­ter l’in­fluence anti­spé­ciste du lieu, des ins­tal­la­tions de dif­fu­sion de son, et logis­tique pour assu­rer tout ça…

Au delà d’un lieu de vie col­lec­tive, les trois jours ont été l’oc­ca­sion d’é­chan­ger autour de nos pra­tiques de créa­tion sonore. Les par­ti­ci­pants avaient tous une rela­tion propre à la ques­tion, et toutes les dis­cus­sions ont été pas­sion­nantes : ques­tion­ne­ments tech­niques, approches de la réa­li­sa­tion, échanges autour des fes­ti­vals et lieux de dif­fu­sion, des écoutes de l’an­née, ébauches d’ou­tils et échanges d’i­dées pour amé­lio­rer la dif­fu­sion de ces œuvres… Tout cela s’est pas­sé pen­dant les moments pré­vus au pro­gramme, mais aus­si pen­dant des dis­cus­sions infor­melles, ou pen­dant des ren­contres spontanées.

un repas végétarien

Un autre aspect impor­tant de ces ren­contres a été l’é­change de savoir-faire lors d’a­te­liers et de dis­cus­sions annon­cées au pro­gramme. Il y en avait pour tous, et ce que j’ai énor­mé­ment appré­cié, c’est la liber­té offerte à cha­cun et cha­cune de par­ti­ci­per sui­vant ses envies : aucune pres­sion, aucune contrainte, et une masse incroyables de belles envies…

des micros pendant une émission de radio

une captation

Et puis une telle ren­contre ne serait rien sans la réa­li­sa­tion de créa­tions sonores. Plu­sieurs défis avaient été lan­cés, qui ont été tous rele­vés par les par­ti­ci­pants. Je pren­drai le temps dans quelques pro­chains billets sur ce blog d’en dire un peu plus sur ce qu’on a pu y faire. J’ai aus­si col­lec­té quelques liens récol­tés au fil des dis­cus­sions du week-end, que j’ai clas­sé dans mon outil de signets en ligne.

Edit : vous pou­vez déjà lire les billets sui­vants au sujet d’U­to­pie Sonore :

Mer­ci à Dom pour toutes les pho­tos qui ponc­tuent ce billet, et que l’on peut retrou­ver sur le site de Brui­ta­gène, dans la par­tie res­ti­tu­tion d’U­to­pie Sonore.