Typographie

Êtes-vous de ceux qui aiment uti­li­ser des majus­cules accen­tuées ? Aimez-vous mettre un espace avant un carac­tère « : » ? Voire même com­po­ser une espace devant les doubles ponc­tua­tions ? Que pen­sez-vous de la forme abré­gée « Mr » pour mon­sieur ? Uti­li­sez-vous le carac­tère « œ » ?

Pour ma part, je cultive un cer­tain inté­rêt pour la typo­gra­phie et l’ortho­ty­po­gra­phie. C’est-à-dire pour l’art qui consiste à com­po­ser à l’aide de carac­tères un docu­ment, en res­pec­tant les règles en rigueur, aus­si bien en terme de carac­tères à uti­li­ser, qu’en terme d’a­bré­via­tions, ou encore d’orthographe.

J’a­vais l’im­pres­sion jus­qu’à pré­sent d’être un peu seul à por­ter un inté­rêt à cette chose. J’a­vais repé­ré quelques res­sources inté­res­santes dis­po­nibles sur la toile. Et puis en dis­cu­tant de ces ques­tions à droite ou à gauche, j’ai remar­qué que pas mal de monde s’y inté­res­sait, depuis les fans de la neti­quette jus­qu’aux pro­fes­seurs de fran­çais, et d’une manière plus large aux amou­reux de beaux livres.

Aus­si je vous pro­pose ici une courte sélec­tion de liens et docu­ments, afin d’en faci­li­ter l’ex­plo­ra­tion, notam­ment en appre­nant à maî­tri­ser un voca­bu­laire spé­ci­fique riche et par­fois déroutant :

Un mot qui manque

Dans son roman 1984, George Orwell pré­sen­tait un monde tota­li­taire où la liber­té de pen­ser était bri­dée par l’ap­pau­vris­se­ment de la langue. En effet, dif­fi­cile par­fois d’ex­pri­mer quelque chose qu’on a à l’es­prit, et pour lequel aucun mot ou expres­sion n’existe. On peut l’ex­pli­quer par com­pa­rai­son, mais c’est sou­vent com­pli­qué, ça implique une gym­nas­tique de la langue et de l’es­prit qui nuit à la communication.

Il existe ain­si un mot dont j’ai vou­lu me ser­vir plu­sieurs fois, mais qui n’existe pas en fran­çais. Après en avoir dis­cu­té avec une amie alle­mande, il semble qu’en alle­mand non plus il n’existe pas. Je vais donc pro­cé­der par com­pa­rai­son pour le décrire ici, et j’es­père qu’un lec­teur sau­ra pro­po­ser un mot cor­res­pon­dant à cette idée.

Beau­coup de mots per­mettent de décrire l’i­dée que l’on fait la dif­fé­rence entre deux indi­vi­dus sui­vant une de leur carac­té­ris­tique. Par exemple, le sexisme est le fait de consi­dé­rer dif­fé­rem­ment deux per­sonnes sui­vant leur sexe, le racisme sui­vant l’o­ri­gine de l’in­di­vi­du, etc. Pour ces dif­fé­rentes idées, il existe bien sûr des mots qui per­mettent de décrire, de manière plus pré­cise, non que l’on fait une dif­fé­rence entre deux états pos­sibles, mais qu’on en favo­rise clai­re­ment un. Ain­si, la myso­gi­nie est le fait de mani­fes­ter un dédain ou une hos­ti­li­té envers les femmes. Ce mot se place à un niveau dif­fé­rent de sexisme.

Or, en ce qui concerne les pré­fé­rences sexuelles, on dis­pose du mot homo­pho­bie qui décrit une hos­ti­li­té envers les homo­sexuels. On peut pla­cer ce mot sur le même plan logique que la myso­gi­nie : pri­vi­lé­gier un état entre deux.

Mais (et c’est là que je veux en venir), il n’existe pas de mot qui serait à sexisme ce qu’­ho­mo­pho­bie est à misogynie.

Certes, la grande majo­ri­té des dis­ci­mi­na­tions sur des per­sonnes sui­vant leur choix sexuel le sont à l’en­contre d’ho­mo­sexuels. Pour­tant, qu’en est-il des bisexuels ? Et si un hété­ro­sexuel se fait refu­ser un emploi dans un éta­blis­se­ment à fré­quen­ta­tion homo­sexuelle, il n’a pas été l’ob­jet d’un trai­te­ment homo­phobe. On dira sans doute hété­ro­phobe. Le géné­rique d’ho­mo­phobe, hété­ro­phobe et biphobe (?) n’existe pas, c’est l’i­dée de ce billet.

Je trouve ça fou, pas vous ?